Les dernières nouvelles de The Jacques datent de 2020. Vous savez, cette drôle d'année qui a vu le monde s'arrêter de tourner pour enfin laisser la nature reprendre ses droits. Nul n'a besoin de rappeler les cataclysmes que cela a entrainé, notamment dans le petit monde de la musique, en coupant net l'herbe sous le pied de nombre de musiciens, structures, festivals, disquaires ou autres ménestrels liés de près ou de plus loin, la musique n'étant pendant cette période troublée pas considérée comme essentielle.
Dès lors, le premier album de The Jacques, The Four Five Three, étant sorti en plein milieu du tumulte, leur disparition de nos radars les quatre années suivantes nous avait fait enterrer le devenir de ce jeune groupe pourtant très inspiré. Quelle ne fut notre surprise de retrouver en ce début de rentrée The Jacques, maintenant trio, aux commandes de leur second album Make Repetition! , ces derniers ayant toutefois égréné quelques singles en 2024 dans la plus grande discrétion.
Qu'en est-il alors en 2025 ? Le groupe est toujours mené par la fratrie O'Neil, soit Finn au chant et guitare et Elliott à la batterie, accompagnés de Harry Thomas pour le reste des instruments. Ce second disque vient plonger dans des racines qui ne nous sont pas étrangères, le groupe flirtant ouvertement avec la pop indie des Libertines (première époque) : de très belles mélodies à la guitare, un chant un peu éraillé mais sonnant très juvénile, ça swingue à la 60s entre deux riffs qui s'emballent... Le trio hisse son amour de la pop anglaise au sommet.
L'ambiance nous renvoie indéniablement dans les années 90 : impossible de ne pas se remémorer les méfaits de Blur (le titre d'ouverture White Heat particulièrement) quand eux même entamaient leur mue vers l'âge adulte, se détachant de leur carapace étiquetée Britpop pour ados tout en maintenant la petite touche pétillante qui leur faisait produire des singles que l'on continue de chanter en cœur dans les stades. The Jacques, loin d'être des débutants car repérés dès 2015 par la radio anglaise, ne semblent pourtant pas près de passer du côté obscur des catégories CSP+. Énormément de fraîcheur dans ce disque, des hommages (voulus ou non) à des pionniers de la pop anglaise moderne tels The Coral (Dead Man's Garden) ou, en creusant un peu plus profondément dans les livres d'histoires, au rock lo-fi des pères fondateurs Pavement (Via Dolorosa, entre autres).
Ce qui marque est le fossé qui les sépare du son de leur premier opus. Terminés le grunge ou le chant déclamé qui marquait The Four Five Three, lui-même cherchant à ce moment encore ses marques. Ainsi, Make Repetition! ne s'éparpille plus autant, les musiciens ont sensiblement concentré leurs efforts sur une indie pop plutôt classique, qui ne révolutionne aucunement le genre mais qui est fondée sur des bases très solides.
Le retour de The Jacques se fête dignement, les Anglais ayant rejoint les légendaires Public Image Ltd en tournée récemment. La qualité première du groupe étant de démultiplier ses points de charisme en live, ouvrir pour des pionniers du punk semble plus qu'approprié. Ce retour de The Jacques est réussi, nous adhérons plus facilement à ce second album mieux structuré et plus fun, et espérons en avoir le cœur net sur scène. Rendez-vous pour cela le 2 octobre prochain au Supersonic à Paris.