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Bill Fay

Life Is People

Bill Fay - Life Is People
Chronique Album
Date de sortie : 20.08.2012
Label : Dead Oceans Records/Differ-ant
4
Rédigé par Julien Soullière, le 9 août 2012
Parler du sieur Bill Fay, c’est soudain évoquer un homme que les plus jeunes et les moins familiers avec l’histoire du songwriting britannique ont de fortes chances de ne pas connaître. Il faut dire que celui qui fût le contemporain de Léonard Cohen, notamment, n’a jamais joui de la notoriété acquise au gré des époques par Nick Drake, Van Morrison et consorts, et que les trente quatre années qui séparent les sorties de Time Of The Last Persecution en 1970 et From the Bottom Of An Old Grandfather Clock en 2004, recueil de maquettes enregistrées en 1966 et 1970, n’ont de toute évidence pas aidé à réparer cette formidable injustice. Qu’à cela ne tienne, il n’y a bien que la mort qui puisse empêcher le bonhomme de composer : trois ans après le confidentiel Still Some Light, Bill Fay poursuit donc sa route en marge des néons, et livre avec Life Is People un spleen paré de la plus clinquante des élégances.

Âmes sensibles, prévoyez de quoi vous essuyer les yeux durant une petite cinquantaine de minutes, car l’album appuie vigoureusement sur la corde sensible. Bien sûr, le piano geignard qui hante en leur être la plupart des compositions (The Never Ending Happening, Jesus Etc, The Coast No Man Can Tell...) est l’un des principaux responsables de la situation, mais ce qui émeut le plus ici, et comme à chaque fois qu’il est question d’un artiste aux cheveux gris acier d’ailleurs, c’est ce timbre de voix, à la fois grave, gracieux et bourré à ras bord d’une vie désormais bien consumée.
Les yeux braqués dans le rétroviseur, Bill Fay pourrait alors apparaître comme un pitoyable nostalgique si la classe inhérente aux grands du monde ne l’habitait pas ainsi. Qu’il donne dans le piano-voix épuré (The Never Ending Happening), le chant liturgique à tendance gospel (Be At Peace With Yourself) ou la sombre mélopée aux accents andalous (Big Painter), notre anglais fait mouche et brode, titre après titre, un album gris de teinte, qui s’écoute sans se soucier du temps qui s'écoule.

Comme il ne peut visiblement pas y avoir de règle sans l’exception qui la justifie, Life Is People compte donc dans ses rangs un titre plus gai que la moyenne. Porté par une guitare enjouée, et des voix volontiers joueuses, This World donne l’occasion à Bill Fay de sortir de la torpeur ambiante et de pousser la chansonnette avec Jeff Tweedy, leader du groupe Wilco, qui s’est toujours proclamé fan du songwriter anglais. D’un classicisme confondant, le morceau n’en est pas moins réussi et se veut finalement à l’image de ce qu’est le disque en présence. Un classique, instantané. Une œuvre intemporelle. Une collection de titres qui ne font (et ne feront) pas de Bill Fay un artiste plus important que tous les grands noms de sa génération, mais qui doivent concourir à l'extirper de l’oubli dans lequel il est injustement tombé. Par une trop grande modestie peut-être.

Finalement, peu importe la raison tant qu'il y a la justice.
tracklisting
    01. There Is A Valley
  • 02. Big Painter
  • 03. The Never Ending Happening
  • 04. This World
  • 05. The Healing Day
  • 06. City Of Dreams
  • 07. Be At Peace With Yourself
  • 08. Jesus, Etc.
  • 09. Empires
  • 10. Thank You Lord
  • 11. Cosmic Concerto (Life Is People)
  • 12. The Coast No Man Can Tell
titres conseillés
    The Never Ending Happening, Jesus Etc.
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