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TE Morris

And You Were The Hunter

TE Morris - And You Were The Hunter
Chronique Album
Date de sortie : 27.08.2012
Label : Olynka Records
25
Rédigé par Julien Soullière, le 25 août 2012
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Principalement - si ce n’est uniquement - connu pour être la voix de la formation post-rock Her Name Is Calla, Tom Elliot Morris est du genre fécond. Jugez plutôt : en un peu plus d’un an, le compositeur et multi-instrumentaliste anglais a sorti pas moins de sept galettes signées de son nom, soit 6 EPs et un long format. And You Were The Hunter vient donc s’épingler telle une nouvelle barrette sur le veston bi-matière de l’ami Morris, non sans affirmer jusqu’à dans son titre sa filiation avec celui qui n’est son aîné que de cinq mois à peine, le bien nommé - roulements de tambour - We Were Animals.

A la vue de ce que Her Name Is Calla ont produit jusqu’ici, et de ce que Morris a enfanté de son propre chef ces derniers mois, il convient quand même de s’accorder sur une chose : le bonhomme peine à être constant, quand bien même Oscar Wilde soulignait en son temps l’importance qu’il y a à l’être. La malédiction, loin d’avoir été vaincue, s’abat à nouveau sur Morris et son And You Were The Hunter, ce nouvel album étant miné de titres au mieux dispensables, au pire inutiles. Parmi eux, on retrouve le morceau Long Distance Runner, reprise d’un titre éponyme de Her Name Is Calla – le comble de la modestie – relooké pour l’occasion en une quelconque face B de Damien Rice, Morris allant jusqu’à singer, pour que l’illusion soit parfaite, la voix de son homologue irlandais. Et en parlant de mimétisme, c’est peu dire qu’And You Were The Hunter pastiche bien des groupes et artistes connus. Sur un Bright Spark tragique notamment, qui ressemble à s’y méprendre à une version épurée du somptueux Again d’Archive (de part cette voix trainante, cette gratte pincée). Ou bien encore sur And Your Were The Hunter, titre chanté a cappella, et qui n’est pas sans rappeler les travaux de feu Elliott Smith. Là encore, les voix des deux artistes se ressemblent étrangement.

Passés ces morceaux tout juste dans la moyenne (Memorial Day et I Was The Last One en font partie), qui s'écoutent comme l'eau s'écoulent sur les plumes d'un canard, il en est d'autres qui sont eux bien insuffisants, trop justes, passables. C’est le cas de Cellar Door, ballade guitare-voix des plus indigentes sur le plan mélodique, et qui donne parfois l’impression que Morris, le pauvre, s’est endormi sur son bel instrument : on a beau augmenter le volume, difficile pour nos oreilles, pourtant bien lavées, de discerner un quelconque détail sonore. D’aucuns parleraient du fameux syndrome Carla Bruni. Plus loin, et ça ne s’invente pas, c’est le titre Hopeless qui nous laisse sans voix : divaguant au beau milieu des braillements plaintifs d’un violon, le songwriter anglais, apparaissant comme peu concerné par toute cette affaire, laisse trainer sa guitare dans ce qui ressemble plus à un interlude qu’à un morceau en bonne et due forme. On tient là des compositions qui nous rappellent qu’une ballade, ça peut être plus barbant que la pluie, et qui font bien pâle figure face aux belles surprises que sont Aliana et After The War Ends. Prévoir une vraie mélodie, c'est vrai, ça change tout.

En parlant d’After The War Ends, d'ailleurs, il est vrai que TE Morris se révèle plus convaincant dès lors qu'il lâche un peu la bride, en attestent un Provenance gentiment électrique, et Haven, qui se risque à mettre un bon pied dans la cour shoegaze. Tout ceci est louable, certes, mais les morts de ne réveilleront pas pour autant. Au suivant.
tracklisting
    01. Bright Spark
  • 02. The Long Distance Runner
  • 03. Provenance
  • 04. Cellar Door
  • 05. Haven
  • 06. And You Were The Hunter
  • 07. Memorial Day
  • 08. Aliana
  • 09. Hopeless
  • 10. I Was The Last One
  • 11. After The War Ends
titres conseillés
    Aliana, After The War Ends
notes des lecteurs