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Night Works

Urban Heat Island

Night Works - Urban Heat Island
Chronique Album
Date de sortie : 04.03.2013
Label : Loose Lips Records/Cooperative Music
3
Rédigé par Olivier Kalousdian, le 3 mars 2013
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Urban Heat Island est un disque piège, un de ceux qui surprennent, d’abord par son histoire.

Une histoire comme le rock en regorge avec des line-up originels qui ont vu certains de leurs membres quitter le train en marche et, parfois, à l’arrêt. Des Beatles avec Pete Best ou Stuart Sutcliffe qui n’auront pas vraiment eu le nez creux, aux Rolling Stones et leur pianiste Ian Stewart, jugé de trop dans une formation rock axée sur le sex appeal, en passant par les Genesis dont le chanteur, Peter Gabriel, préféra tenter une carrière solo en pleine gloire, les exemples et justifications de ces séparations unilatérales sont aussi nombreuses qu’hétéroclites.
Quand Gabriel Stebbing rencontre Joseph Mount (chanteur et fondateur de Metronomy) au collège, celui-ci a déjà l’intention de vouer sa vie à la musique et a déjà tenté l’aventure des groupes de rock. Récemment arrivé dans la région du Devon qui forme la Riviera locale, courue de tous les britanniques dans l’extrême sud-ouest de l’Angleterre, Gabriel Stebbing comprend, en écoutant le projet personnel et 100% électronique de son camarade Joseph Mount, qu’il a trouvé là le son et le projet qu’il recherchait. Metronomy n’est alors qu’une musique de chambre sur ordinateur et les arrivées de Gabriel et du cousin de Joseph, Oscar Cash, changeront la donne en insufflant une vie scénique à cette musique alors totalement numérique. La suite, ce sont deux albums reconnus de Metronomy, dont le Nights Out incluant le titre Heartbreaker qui fera les belles heures des radios en 2008. Puis, en 2009, et alors que le groupe prend son envol, Gabriel ressent à nouveau l’appel de l’aventure et décide de quitter Metronomy pour voler de ses propres ailes au sein d’un groupe nommé Your Twenties (qui ne durera pas même le temps d’un album). Après maintes déceptions, beaucoup de difficultés et de remises en cause, il crée Night Works dont le premier album, Urban Heat Island en ce début de mois de mars.

S’il n’est plus, officiellement, membre des Metronomy qui, avec The English Riviera, ont bousculé la planète électro pop une année durant jusqu’à en faire le groupe le plus bankable d’Angleterre – notamment pour les agences de pub du monde entier – Gabriel joue toujours au sein de son ancienne formation et entretient des liens indéfectibles avec Joseph Mount qui, en retour, le lui rend bien en produisant quelques titres du premier disque de ce projet solo (The Eveningtime, Long Forgotten Boy...).
Après quatre années de travail (expérience avortée de Your Twenties comprise) et de doutes, Gabriel Stebbing offre à l’univers musical un OMNI qui contient le meilleur de ses expériences passées et des hommages assumés à ses groupes fétiches. Un soupçon de jazz rock à la basse slappée sauce Joe Jackson sur un titre comme Lifeline, une mélodie eighties soutenue par une guitare sèche et des voix dont l’écho renvoie inévitablement à Prefab Sprout sur Nathaniel, des arrangements disco synthétiques suaves, si chers à Metronomy, sur The Eveningtime, composé avec Jospeh Mount... Mais, c’est avec une ballade au piano quasi autobiographique telle que I’ve Tried So Hard que Gabriel Stebbing impose son point de vue et son talent de songwriter, paradoxalement composé d’une seule ligne de texte en boucle résumant les dernières années de sa courte carrière : « I’ve Tried So Hard not to loose it ; I’ve Tried So Hard no to care... ».
Enregistrée façon live avec les bruits de fond d’une hypothétique salle de restaurant dont les tintements de verres et de couverts ornent le début du titre, la rêverie imposée par cette chanson laisse imaginer un Gabriel solitaire, à l’œuvre dans un piano bar tentant de faire découvrir à une assistance abreuvée de musique électronique plus conventionnelle son appréhension d’une pop anglaise avant-gardiste qu’il déconstruit à grand renfort de basse ultra présente et dont il est le porte flingue depuis toujours, de sons synthétiques minimalistes et de rythmes marqués par la disco pop des Hall & Oates, période 1990 (Share The Weather).

Cet album peut déconcerter de par l'absence de construction ou de suite logique. Il peut surprendre ou, au contraire, décevoir par l’utilisation trop répétitive de recettes sirupeuses qui ont fait du son pop des années 1990 ce qu’elles sont encore aujourd’hui : une période généralement à oublier. Mais, en faisant l’effort d’une réécoute attentive, on y décèle toute la sincérité et la volonté assumée de Gabriel à assumer les influences de sa jeunesse via quelques éclairs lumineux, même si celles-ci n’ont révolutionné ni les esprits ni le rock en général. L’adage qui consiste à prouver que, tous les vingt ans, une période musicale se retrouve mise en avant et resucée pour le meilleur et souvent pour le pire à la peau dure. Au secours, les années 90 reviennent !
tracklisting
    01. Boys Born In Confident Times
  • 02. Modern European
  • 03. Lifeline
  • 04. Nathaniel
  • 05. Armajaro
  • 06. I Tried So Hard
  • 07. The Eveningtime
  • 08. Share The Weather
  • 09. Riches (Vocal Dub)
  • 10. Long Forgotten Boy
  • 11. Arp
titres conseillés
    I Tried So Hard ; Lifeline
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