David Ford

David Ford fait partie de ces mecs qui se sont plongés dans une carrière solo sans pourtant que l’on en comprenne les tenants et les aboutissants. Après trois albums assez pauvres mais qui tiennent encore la route, le jeune anglais ne se laisse pas abattre et poursuit son chemin. Tout tracé, il le prend par on se sait quel bout, sans trop savoir pourquoi ni si nous arriverons encore vivants de cet étrange parcours discographique.

Étonnant album que ce Charge ! Et la pochette ! Étrange combat napoléonien devant lequel l’auditoire de David Ford restera stoïque. Quel combat en effet que celui que le compositeur semble mener intérieurement et musicalement ?
C’est donc par la stupeur que nous nous laisserons entrainer dans l’épique disque du vaillant Ford. La force de son précédant album résidait dans ces rares et précieuses chevauchées country grâce auxquelles les compositions tenaient encore la route. D’où la pochette de Charge, voyez-vous. Et c’est par cette voie que nous accueille cette quatrième œuvre phono.

Un premier morceau parait plus que convaincant et même entrainant, ce que la voix puissante et chaleureuse du chanteur vient appuyer avec justesse et franchise. A Little Poison, morceau d’ouverture par excellence, annonce alors un disque à la fois country et folk rock, illuminé par un petit harmonica dylanien assez appréciable. Les quatre premiers morceaux confirment cette veine, notamment par une promenade dans l’Ouest Américain, The Ballad Of Miss Lily, que la première ballade du disque, Isn't It strange?, ne vient pas interrompre. Let It Burn, enfin, alimente l’album par sa gravité et une exilée électrique dont on a peu l’habitude. La première phase de l’album reste mémorable. Chaleureux, sincère et prenant, David Ford nous livre là le meilleur de lui-même. Les morceaux se succèdent alors assez fluidement, sans pour autant se ressembler. Mais ça, c’était avant le reste.

Les trois ballades qui suivent marquent un virage décisif dans l’album. Plus qu’un virage, un dérapage. Pourquoi tomber dans de la ballade de Bande Originale de Coup de Foudre à Notting Hill, Manathan, ou quelque autre ville d’ailleurs ? Les compositions restent bien ficelées malgré ce penchant romantico-dramatique qui lui fait dire des phrases telles que « your love is no good if the road is too easy now » [ ton amour ne vaut pas la peine si la route est trop simple ] sur What's Not To Love. Mais on ne devient pas un cowboy avec des tierces, des accords mineurs et des fade out. Notre country man en voie d’accomplissement titube alors vers de la pop-piano, contradictoire de la première partie de l’album mais qui a le mérite de respecter la ligne directrice de ses précédents disques : le côté lover David Ford !
L’homme au cœur déchiré revient victorieux dans une troisième phase de son album, qui, contrairement aux deux précédentes, ne véhicule pas une identité particulière. En exploitant sa fibre bluesy, Perfect Soul devient le titre orphelin de cet album, sans camarade avec qui partir en road trip. Après une dernière ballade soporifique, ce n’est évidemment pas le dernier morceau qui l’accompagnera sur cette voie, puisque Every Time sonne comme un morceau de Good Morning England, le xylophone en plus.

C’est à bout de souffle que se termine l'écoute de Charge. Bien engagé, il s’évapore et se perd finalement en chemin. Un quatrième album qui ne met pas en valeur les talents de l’artiste mais se compose de quatre beaux morceaux toutefois.