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Deptford Goth

Life After Defo

Deptford Goth - Life After Defo
Chronique Album
Date de sortie : 18.03.2013
Label : Merok Records
35
Rédigé par Kris, le 13 mai 2013
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De toutes les tendances et vaguelettes qui auront vu le jour sous couvert d’électro synth-pop céleste et aérienne, le minimalisme y aura presque toujours une place de choix. Une question de texture et de sensation d’espace. Il y a vingt-cinq ans, alors que se profilait une révolution musicale justement sur l’identité du son du côté de nos voisins britanniques, on considérait alors le total opposé : la révélation de la saturation, le mirage de la mélodie et l’essence du bruit. Aujourd’hui, le révélateur sonore est le silence, terreau fertile d’une sensibilité pop, où la mélodie est l’apogée du sentimentalisme. Deux côtés opposés d’un dé à mille faces, et deux époques recherchant la vérité de la musique dans son noyau le plus véritable. Le fracas engendrant l’immobilité. Le néant engendrant la lumière.

Daniel Woolhouse, aka Deptford Goth, en est ainsi le disciple appliqué. Premier album pour ce professeur d’école dans la vraie vie, Life After Defo sent l’éther et le rêve éveillé, au cours duquel peu de choses se passent, mais l’on y flotte avec une aisance finalement presque malaisée. Car ce rêve, bien que confortable, n’est pas le nôtre. Il y a souvent chez Deptford Goth des phases d’atermoiements et de lentes et douces agonies, qui côtoient des compositions justes, mais terriblement frêles. La chute est proche, et le maintien n’est dû qu’à cet irascible sens de la lévitation dont nous fait preuve Woolhouse. Si James Blake terrassait ses chimères aliénantes par des explosions contenues, Woolhouse quant à lui préfère jouer au funambule somnambule, nous baladant dans ces décors blancs où seule sa présence permettra de colorer le cadre. Par petites touches et par petits pas.

Le non-rythme domine également cet album lent en apparence (à l’exception notable de Union, beau titre électro-pop), mais où tout se déroule en dedans, dans ses tripes, dans ses pores d’où transpirent anxiété et tourment. Tout au long de ce court Life After Defo, se rencontrent fuyant fantômes (Objects Objects) et songes d’un autre temps (Bronze Age), tandis que s’interpellent les univers de How To Dress Well, Jamie Woon et Bon Iver. Au cœur résolument folk, bien que ses formes ne s’y prêtent pas forcément, peut-être est-ce là que demeure l’étrange attraction ressentie à l’égard de Deptford Goth. Car malgré un minimalisme pop chatoyant mais peu bouleversant, l’intimisme profond de Woolhouse emplit cet espace clos, où ne résonne plus que cette voix enivrante et cet environnement cotonneux mais fatalement anxiogène.

Un peu de sombre âme dans nos doux songes.
tracklisting
    01. Life After Defo
  • 02. Bronze Age
  • 03. Feel Real
  • 04. Guts No Glory
  • 05. Objects Objects
  • 06. Particles
  • 07. Union
  • 08. Lions
  • 09. Years
  • 10. Deepest
  • 11. Bloody Lip
titres conseillés
    Union, Bronze Age, Objects Objects
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