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Deptford Goth

Interview publiée par Cyril Open Up le 6 mai 2013

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Alors que beaucoup n'ont d'yeux et d'oreilles que pour James Blake, Daniel Woolhouse élabore au sein de son projet Deptford Goth une électro minimaliste que l'on aurait bien tort de négliger. Venu promouvoir son premier album Life After Defo à Paris, nous le retrouvons dans un café à la sortie des balances du concert qu'il donnera quelques heures plus tard dans le célèbre club très privé de David Lynch, Le Silencio. Faisons plus ample connaissance.

Comment s'est passé ton voyage en Eurostar ?

Cela s'est bien passé, j'ai dormi pendant quasiment tout le voyage. Je me suis réveillé quand nous sommes arrivés en France, c'était très rapide du coup.

Tu n'as donc pas vu de poissons, comme tu te le demandais sur Twitter hier soir ?

(sourire) Non, je n'en ai pas vu.

C'est la première fois que tu viens en France ?

Non, je suis déjà venu mais c'est la première fois que je prends le train pour m'y rendre.

Voyages-tu beaucoup ?

Non, pas trop. Mais grâce à la tournée, je vais pouvoir me rendre dans des endroits que je ne connais pas. Cela sera un bon prétexte d'y aller et les concerts couvriront les frais. J'ai hâte que cela arrive.

Comment es-tu passé de l'enseignement à la musique ?

Je ne suis pas vraiment passé de l'un à l'autre. Je jouais déjà de la musique pendant mon temps libre. En arrêtant l'enseignement, cela m'a permis de m'y consacrer à plein temps. Ce qui m'a paru bizarre au début mais a pas mal facilité les choses pour la suite.

Comment as-tu rencontré les gens du label Merok Records ?

J'ai posté un morceau sur internet. Quelqu'un l'a écouté et a pris contact avec moi. Je l'ai rencontré, on a discuté et il a souhaité que je lui fasse écouter d'autres titres. J'ai sorti un EP puis cela a été au tour de l'album.

Es-tu quelqu'un de triste ?

Triste ? (rire) Je ne sais pas. Je comprends que mon album puisse laisser croire que je suis découragé mais il est également plein d'espoir. Il possède les deux facettes, l'ombre et la lumière.

Quelles sont tes influences ?

Musicalement, je ne sais pas. J'écoute beaucoup de choses.

Tu aimes toutes sortes de musiques ? Du hard-rock à la musique classique ?

Non, je n'ai pas de genre en particulier mais je ne connais pas grand chose en musique classique. Il ne faut pas se focaliser sur un type de musique, il faut garder son esprit ouvert sinon on peut passer à côté de choses qui pourraient nous plaire et cela est bien dommage.

Composes-tu seul ? Joues-tu seul de tous les instruments ?

Oui, pour le disque, je fais tout tout seul.


As-tu déjà essayé de jouer dans un groupe ?

Non, cela n'aurait aucun sens pour moi. Pour les concerts, c'est différent, je travaille avec Rose (ndlr : qui l'accompagne ce soir au violoncelle). C'est quand même plus drôle d'emmener quelqu'un avec soi plutôt que de s'asseoir et de jouer seul (rires). Cela ferait vraiment trop solitaire.

Es-tu à l'origine des idées qui ont donné naissance aux clips qui illustrent tes singles ?

Oui, ce sont mes idées mais j'ai bien sûr des amis qui m'ont aidé lors des tournages.

Y-a-t-il d'autres domaines artistiques qui t'intéressent ? Vas-tu voir des expositions ?

Cela m'est arrivé mais désormais je me concentre surtout sur l'illustration. J'utilise donc toujours quelque part cette partie de mon cerveau mais différemment pour penser aux pochettes et aux vidéos.

Tu as donc fait la pochette de ton album ?

Non, c'est un dessin de quelqu'un d'autre. Je m'occupe d'assembler tous les éléments et cela me permet de m'exprimer d'une autre façon que par la musique.

J'ai une petite interprétation à propos de la pochette de ton disque. En la voyant, j'ai vite eu l'impression de te voir en train de dire "arrêtez, je me rends, d'accord, je vais jouer mes chansons". Qu'en penses-tu ?

Oui, j'aime beaucoup le côté "je me rends" dans cette image. Mais cela pourrait également être un geste de prière ou de célébration. Il y a donc une dualité qui correspond bien à ma musique. Cette image fait sens et colle bien au contenu du disque.

Il y a pas mal de chansons qui parlent d'amour...

(m'interrompant) En quelque sorte, oui.

... dans Bloody Lip parles-tu d'un baiser fougueux avec une lèvre mordue jusqu'au sang ?

Non, je lui ai donné ce titre parce que cela parle d'un moment de dégringolade où l'on est désorienté. Cette chanson reflète les différents stades émotionnels. Ce n'est pas littéralement une histoire de lèvre qui saigne, c'est une image en fait (éclat de rire) !

J'espère ne pas te froisser mais dans Feel Reel, ta voix ressemble par instants à celle de Chris Martin, le chanteur de Coldplay, te l'a-t-on déjà dit ?

Non, peut-être... (rire) Rose : (rire) Oui, il a une très belle voix.

Cela ne s'entend que lorsque tu dis "Hold yourself, howl and scream, finally feel everything joining underneath", cela ne représente que quelques secondes ...

Ce n'est pas fait de façon intentionnelle en tout cas.

Ce n'est pas ce que je voulais dire non plus, mais cela m'a fait penser à l'album Parachutes de Coldplay, à la bonne période en somme parce que les derniers albums sont difficilement écoutables ...

Je ne les aime pas vraiment non plus.

Vas-tu voir d'autres groupes en concert ?

Oui, récemment j'ai vu Rhosyn, le groupe de Rose et aussi un groupe du sud est londonien qui est très cool, Drop Out Venus. Je ne me souviens pas d'autres groupes mais pas de gros groupes en tout cas.

A Londres, il y a le choix, il y a beaucoup d'endroits ...

Oui, il se passe toujours quelque chose. Parfois, il est plus simple de rester chez soi avec ses propres idées. Je ne vais peut-être pas voir autant de groupes que je devrais mais il n'y a pas non plus de règle qui dise que parce qu'on fait de la musique, on devrait tout le temps aller en écouter. Cela me dérouterait un peu si c'était le cas. (rire)

Ton album s'appelle Life After Defo, s'agit-il d'une rupture ?

Non, cela représente un ensemble de situations et d'expériences et ne parle pas d'un épisode ou d'une période en particulier. Tout sort de mon cerveau mais il ne s'agit pas d'une autobiographie. Cela ferait trop cliché. C'est plutôt inspiré de...

Y-a-t-il une partie de fiction ?

Non, ce n'est pas de la fiction. Mais ce n'est pas, cette chanson parle de ci, ce titre parle de ça. Je suppose que tout l'album parle de moi en fait.

Tu effectues des remixes de titres d'autres artistes, aimes-tu ce genre d'exercice ? T'arrive-t-il également de faire le DJ dans les boîtes de nuit ?

Non, je ne fais pas le DJ. Je crois que je n'aime plus trop les boîtes de nuit. (rire) En fait, je crois que je n'ai jamais aimé ça. Les remixes me permettent de sortir de mon travail habituel et de pouvoir faire autre chose avec de nouveaux ingrédients que je n'utiliserai pas autrement.

Je trouve que, musicalement, ton univers pourrait se rapprocher de celui de Björk période Vespertine, es-tu d'accord ?

(éclat de rire) Non ! J'aime Björk mais non, je ne pense pas. (rire)


Elle est trop étrange selon toi ?

Non, pas du tout, mais je ne me sens pas proche de ce qu'elle fait.

Passes-tu la plupart de tes journées à composer ?

Désormais, je vais faire pas mal de répétitions pour les concerts qui se préparent. Mais en temps normal, j'écris, je me pose des questions, je fais des remixes ou je reste chez moi sans rien faire.

Tu vas jouer au festival End Of The Road fin août, l'affiche est alléchante, quels groupes penses-tu aller voir ?

Je ne sais pas vraiment qui joue en fait... (éclat de rire) Je sais que c'est un festival assez cool et j'ai toujours eu envie de m'y rendre mais je ne l'ai jamais fait. Comme ils m'ont proposé d'y jouer c'est donc l'occasion d'aller y faire un tour.

Fréquentes-tu souvent les festivals ?

J'y allais souvent mais ils sont désormais beaucoup trop chers, surtout en Angleterre (rires). Et je ne pense pas que je pourrai apprécier la musique dans ces conditions. Certains groupes passent bien en festival mais c'est totalement autre chose que dans une salle de concert. Certains festivals sont très bien cependant mais les autres ne sont plus qu'une histoire de business.

En parlant de business, demain débute la mise en vente des billets pour le second concert de The Rolling Stones à Hyde Park, cela t'importe-t-il ?

Cela m'importerait si nous étions dans les années 60s mais je ne pense pas que je veuille les voir maintenant. J'aime toujours leurs disques mais je ne vais pas dépenser des tonnes d'argent pour m'y rendre. Cela parle à certaines personnes mais cela ne me tente pas.

Aimes-tu certains réalisateurs de cinéma ?

Non, cela ne me vient pas à l'esprit. J'aime des films mais je ne prête pas trop attention à qui les réalise. J'absorbe et je passe à autre chose.

Comme tu vas jouer ce soir au Silencio, que penses-tu de David Lynch ?

Je suis assez fan de son travail. J'aime beaucoup Twin Peaks, mais je crois que tout le monde aime cette série (rire). Je ne me suis aperçu qu'hier que j'allais venir dans ce club, je ne savais pas trop où j'allais jouer. J'ai fait les balances tout à l'heure et je ne pense pas que je rejouerai un jour dans un endroit pareil et où les cocktails sont aussi chers (éclat de rire). Mais c'est cool, ce sera drôle à faire.

Regardes-tu d'autres séries télévisées en dehors de Twin Peaks ?

Oui, je regarde pas mal de conneries, c'est ce qu'il y a de mieux. Cela permet de ne pas réfléchir... (rire). Je ne dirai pas que c'est quelque chose que j'aime particulièrement mais je trouve un intérêt à regarder ce genre de programmes.

Tu vas donner dans quelques jours à Londres un concert déjà complet à Elektrowerks ...

Oui, mais j'y ai déjà joué en tant que première partie ...

J'aime bien cette salle, c'est assez intime...

Moi aussi, c'est un peu miteux mais c'est intime, oui.

Enfin, pour conclure, j'ai vu que le 27 septembre tu joueras de nouveau à Londres mais à Union Chapel...

Oui, cela devrait être un bon concert. Je vais essayer de regrouper d'autres musiciens qui joueront des cordes. Cela devrait être fantastique. Je suis à la fois très excité et très nerveux.