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Kill The Young

Fingers For Guns

Kill The Young - Fingers For Guns
Chronique Album
Date de sortie : 10.03.2014
Label : Volvox
2
Rédigé par Julien Soullière, le 6 mars 2014
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Sans trop se forcer, on conviendra qu’il existe au moins un point commun entre la discographie de Kill The Young et la plupart des séries américaines grand public. Dans les deux cas, c’est à bord d’un grand huit que l’on embarque. Un coup ça fonctionne, un coup nettement moins. Je ne sais pas qui est le premier à avoir pondu ça, mais on entend parfois dire que pour vraiment savoir qui nous sommes, il nous faut d’abord connaître nos ennemis. Nous en avons tous, paraît-il, et à les garder proches de nous, il en disent long sur notre petite personne. C’est comme ça, il y a toujours un 0 pour un 1, un mètre étalon, une antithèse. Alors, si Kill The Young a eu son Proud Sponsors Of Boredom, Thicker Than Water a désormais son Fingers For Guns.

Aux yeux du monde, les frères Gorman avait matière à s’exprimer sur leur premier opus, beaucoup moins sur le second. Sans la moindre compassion, d’aucuns les annonçaient morts et enterrés, coupables, comme tant d’autres avant eux, d’avoir été portés trop tôt aux portes de l’Olympe.
Paru après quatre années de silence, Thicker Than Water fit donc l’effet d’une bombe : bourré d’hormones mâles, traversé tout du long par un spleen désarmant et qu’on ne connaissait pas à ces mômes du genre sales gosses, le benjamin de la bande en avait épaté plus d’un, enchaînant les hits (I Don't Want To Fight With You Anymore, You've Got To Promise Me, Darwin Smiles, Spinning, etc...) comme d’autres enfilent des perles. Ça, c’est ce qu’on appelle une résurrection. Ainsi, à la lecture du communiqué de presse, qui vend à la criée Fingers For Guns comme leur meilleur album à date, j’y crois, et plutôt deux fois qu’une. Au point d’en oublier à quoi servent ces notes à destination de la presse, leur évidente subjectivité. Je suis un grand sentimental, je ne me méfie pas suffisamment des annonces et des gens, et je suis donc régulièrement déçu. Aujourd’hui, c’est d’en avoir un peu trop attendu.

Une chose est sûre, et là-dessus, le communiqué de presse ne ment pas, c’est que Fingers For Guns n’est pas du genre à admirer le paysage. Ici, tout va à bonne vitesse, en atteste le brûlot punk Punch Drunk, qui devrait sans surprise faire des morts dans votre salle de concert la plus proche. D’ailleurs, cette vélocité est loin d’être un mal, car s’il y a bien une chose que ce nouveau disque nous apprend (ou nous réapprend), c’est que Kill The Young ne sont jamais aussi pertinents que lorsqu’ils s’attèlent à jouer des morceaux rock simples, courts et puissants. Et lorsque la recette est appliquée à la lettre, l’auditeur ne peut qu’être conquis, se délectant de titres aussi jouissifs que Bad Bones et Gotta Move On, qui se voient ici ouvrir le disque. Tout ceci à condition qu’une bonne mélodie vienne enrober le tout, au risque, sinon, de se retrouver avec un This Town ou un Medecine Beach sur les bras, bruitistes et complètement négligés, et de se sentir mal à chaque fois que le chanteur dégobille de sa voix nasillarde dans le micro.

Du reste, loin de moi l’idée de vouloir brider ce groupe, on reproche assez souvent aux artistes de servir, album après album, la même soupe dans le même bol. Simplement, les expérimentations ne sont pas toujours heureuses, et à l’écoute de Love Is A Lie, sorte de trip mystico-communiste (on retrouve ici les chœurs de l’Armée Rouge déjà entendus sur Darwin Smiles), complètement indigeste, on se dit que Kill The Young ne sont pas bons à tout. Il sont comme tout le monde. Il leur reste à s'en rendre compte, et le plus tôt sera le mieux. Ils sont encore jeunes, certes, mais comme d'autres nous le prouvent régulièrement, l'âge ne peut plus être l'excuse reine.
Et puis, au rayon des hymnes de stade, un genre que le groupe affectionne visiblement depuis Thicker Than Water, on se retrouve à devoir séparer nous-même les torchons (le niais Money/Power/Money) des serviettes (Ain’t Nobody Gonna Tell Me Why), ce qui n'est jamais très agréable. Après tout, qui sont les clients, ici ?

Fingers For Guns est donc décevant, voilà qui est dit. On espérait sincèrement voir le mauvais sort se rompre, mais Kill The Young continuent d'alterner entre chouettes albums et transitions, et ce sans que l'on puisse mettre un terme à cette suite d'une implacable logique. Opus avaient donc raison : life is life.
tracklisting
    01. Bad Bones
  • 02. Gotta Move On
  • 03. Born In The Real World
  • 04. Pilot Light
  • 05. Ain't Nobody Gonna Tell Me Why
  • 06. Punch Drunk
  • 07. Fingers For Guns
  • 08. Love Is A Lie
  • 09. This Town
  • 10. Money/Power/Money
  • 11. Medecine Beach
  • 12. Home Is Where My Heart Is
titres conseillés
    Bad Bones, Punch Drunk
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