Dead Fly Buchowski

Quelques jours après la sortie en single-apéro de l’appétissante et énergique Russian Doll, le plat de résistance des Dead Fly Buchowski arrive cette semaine dans les bacs avec la sortie de ce premier album Land Of The Rough.
Alors, encore un combo indie-rock britannique de plus me direz-vous: qu’est-ce que c’est cette semaine? du garage-rock 60’s? de la pop psyché 70’s?
Au vue de l’accumulation de nouveaux groupes débarquant ces derniers temps, la question peut effectivement sembler légitime sauf que là… non.

Dès les premières notes de Russian Doll, on comprend que les Dead Fly Buchowski ont quelque chose qui se fait de plus en plus rare dans le paysage musical actuel: une noirceur caractérisée qui confère à leur musique un coté dramatique assez impressionnant. Mélangeant idéalement le blues sombre des 22-20’s, la mélancolie rampante d’Interpol et la puissance des Queens Of The Stone Age, ce quatuor frappe très fort avec ce premier album aussi rassurant qu’un sérial-killer endormi.

Car même si les deux singles sortis (le premier était l’excellent Blackout avec ses faux airs du Digging The Grave de Faith No More) sont plutôt énergiques et que l’impressionnante Pandemonium risque de clouer plus d’une oreille avide de guitares tendues, là où les Dead Fly Buchowski impressionnent le plus, ce sont dans les mi-tempos sombres et déchirants: les arpèges bluesy de The Way She Goes donnent le frisson, la lourdeur émouvante de Blacker Than Blue touche au coeur tandis que l’exceptionnelle Didn’t I Hear You Right côtoie des sommets grâce notamment à un refrain somptueux.

Mais, livrant une bataille de tous les instants avec la section rythmique et les guitares écorchées, l'arme fatale des Dead Fly Buchowski est belle et bien la voix impressionnante de gravité et de profondeur de Roddy Campell qui évoque tour à tour Nick Cave ou Mark Lanegan (comme sur l’entêtante Anyway), Eddie Vedder (flagrant sur le couplet de Been Down Before) mais surtout l’immense Franck Black comme sur la lente montée hypnotique de la géniale Sun Song qui, comme son nom ne l’indique pas, s’achève en apocalypse dans les hurlements, le souffre et les larmes.

Enorme premier disque que ce Land Of The Rough qui devraient fort logiquement permettre aux Dead Fly Buchowsky de passionner quelques fans de rock tendu et d’atmosphères sombres.
L’élogieuse réputation scénique de ces quatre écossais ne fait qu’accroître l’intérêt légitime qu’on a envie de leur porter, en attendant de pouvoir le vérifier sur scène en France, on l’espère très bientôt.