Coves

David Lynch n'a plus sorti de film depuis pas mal d'années. Pourtant à l'écoute des premières secondes de Fall Out Of Love, on aurait pu imaginer que le cinéaste méditatif était de retour, d'autant que les rumeurs persistantes d'une suite à la légendaire série Twin Peaks sont de mise depuis quelques temps. Cependant, ce ne sont nullement Julee Cruise ou encore Angelo Badalamenti qui se cachent derrière Coves. Ce sont Rebekah Wood et John Ridgard qui depuis trois ans y officient et sortent enfin leur premier long effort : Soft Friday.

L'aventure musicale de ces deux musiciens débute avec un EP cinq titres intitulé Coves EP, sorti uniquement en digital en 2011. Puis à l'exception d'un 45 tours l'année suivante et un maxi vinyle en fin d'année dernière, la carrière discographique des britanniques est restée assez peu mouvementée, discographiquement parlant. Vous me direz, ils ont pris leur temps et se sont fait désirer, ce qui n'est pas complétement faux. D'autant que cet album constitue une bien jolie surprise.
Son côté psychédélique évoque parfois leurs cousines transatlantiques de Dum Dum Girls, une version un tant soit peu féminisée de TOY ou encore leurs autres compatriotes de The Kills. Certes le timbre de voix de Rebekah Wood est moins rêche que celui d'Alison Mosshart, il n'empêche qu'il trouve joliment sa place dans les compositions du duo et envoute souvent son monde. C'est notamment le cas sur la mélodie un tant soit peu lubrique de Last Desire.

Rebekah Wood est en définitive l'anti Lana Del Rey. Alors que l'Américaine tente de noircir son image de sainte nitouche qui ne veut plus être sage, la tigresse britannique adoucit de par la douceur de sa voix les compositions rock un tant soit peu suintantes de Coves. Cast A Shadow en est un parfait exemple. Ce tube excitant et addictif ne s'éloigne malgré tout jamais du musicalement correct. On aurait sans doute apprécié que ce jeune collectif dépasse les limites vocales ou musicales qu'ils semblent s'être fixés. Toutefois ce pêché de jeunesse ne condamne en aucun cas cet album et en fait peut-être sa force. Tout au long de ses quarante minutes, ce disque nous promène à l'aide de riffs de guitares, de mouvements de batterie percutants et de saupoudrages synthétiques parfaitement dosés, dans un univers cinématographique qui n'aurait probablement pas déplu à Jim Jarmusch.

Oscillant entre balades tourmentées (Fall Out Of Love, Beatings...) et douceurs pénétrantes (Fool For Your Face, Bad Kick To The Heart...) Soft Friday mérite pleinement que l'on s'attarde sur lui. Wake Up, son final particulièrement réussi, nous donne d'ailleurs l'envie instantanée de nous replonger immédiatement dedans. 2014 pourrait bien devenir l'année de Coves, restés dans l'ombre pendant bien trop longtemps.