Elephant

En 2010, le label Memphis Industry sortait le premier 45 tours d'un tout jeune duo britannique appelé Elephant. Ants, morceau principal de cet essai, fit son petit effet et un buzz s'ensuivit pour les deux anglais pendant quelques temps. Cependant, à l'exception de quelques singles disséminés par-ci par-là, l'attente d'un premier album qui ne vint pas réduisit l'engouement à leur égard comme un soufflet sortant du four.

Et pourtant, en ce début de mois de mai 2014, arrive enfin cet opus inespéré d'Elephant. Première surprise, et elle est de taille, la moitié des compositions de Sky Swimming sont déjà parues sur des simples ! Fort heureusement, celles-ci ont été réenregistrées pour l'occasion et permettent au fan de ne pas se sentir lésé par le contenu du disque. La démarche du groupe peut paraitre quelque peu surprenante mais ce premier effort est bel et bien un album et non une compilation de chansons d'antan augmentée de quelques inédits. Amelia Rivas et Christian Pinbeck doivent en effet un peu repartir à zéro. Aussi, la présence de versions remaniées de certains titres ne vient nullement nuire à la crédibilité de Sky Swimming.

D'autant que certaines nouvelles versions apportent un réel plus par rapport aux originales. L'album débute avec l'excellent Assembly originellement sorti en 2011. Sa relecture dynamise vraiment le morceau et lui permet de prendre une dimension bien plus en adéquation avec sa juste valeur. Cette petite perle pop n'aurait peut-être pourtant pas dû se situer en tout début d'album, car la suite, à de rares exceptions, est bien plus downtempo. Cela ne rend pas pour autant le disque inintéressant, mais cela risque potentiellement de lasser l'auditeur qui ne retrouvera en avançant dans l'écoute du disque que trop peu de l'entrain mélodique du début d'album. En effet dès Skyscraper, seconde plage, l'atmosphère, pseudo Twin Peaksienne, baisse d'intensité. L'album se fait plus léger, à travers Ants, la troublante Shipwrecked ou encore l'intimiste Sky Swimming. Bien sûr la voix d'Amelia Rivas traverse l'album sans encombres en apportant la dose nécessaire d'émotions pour captiver le fan. On aurait toutefois apprécié qu'Elusive Youth ne soit pas le seul moment de (faux) redémarrage de l'album.

A l'exception de ce rythme un peu faussé par un départ sur les chapeaux de roue, le duo tient toutefois la route tout au long des douze moments contenus dans Sky Swimming. Aux dires du groupe, de nombreuses nouvelles compositions sont déjà dans les tuyaux. Espérons simplement que celles-ci soient de bonne facture et que les deux anglais ne finissent pas par sombrer en tombant dans la facilité. D'autant qu'un petit zeste d'audace ne pourrait que s'avérer profitable a une carrière qui prendrait alors une possible autre dimension.