Morning Parade

S'ils avaient su accéder au haut du panier grâce à leur premier recueil de pièces pop rock à l'efficacité inspirée par le peps diabolique de Two Door Cinema Club et le rock alternatif de Elbow ou Mew (on parle ici du groupe Danois, rien de japonais), ce premier album éponyme de Morning Parade, enregistré sous la direction de Jason Cox (Blur), concentré de rock puissant et fédérateur, avait pourtant laissé un goût de trop peu de prise de risques.

Faire l'ouverture des stades devant des groupes comme Coldplay ou Biffy Clyro n'offre pas la garantie d'être inoubliable et le quintet de Harlow le sait bien. A l'heure du bilan de leur deuxième opus, c'est avec Pure Adulereted Joy que la bande de Steve Sparrow revient sur le devant de l'actualité musicale, bien décidé à agiter le paysage sonore une bonne fois pour toute.

De leur nom de scène, Morning Parade font référence à ce moment suspendu entre le jour et la nuit, celui où la réalité et les rêveries sont encore confondues. C'est aussi le moment où la batterie tapageuse de Shake The Cage vient extirper du sommeil. Les guitares déchirantes attrapent par le bras, entrainent dans leur course et ne lâcheront pas.
Dans la foulée, le single Alienation, apparu en décembre 2013 comme production de Ben Allen (Animal Collective), se présente comme une pièce délicate de rock lyrique et donne ainsi la couleur du parcours.

Si le ton n'est pas à la légèreté, Autoinjector a suffisamment de ressort pour faire danser la jeunesse sur ses claviers électro, alors que, sur un fond de nostalgie, le morceau explore des sensations « rétro-actives ». Les basses de Seasick se font pesantes, rappelant un stoner rock sous couvert de symphonies et envolées vocales à la façon de Thirty Seconds To Mars. Avec Culture Vulture, le deuxième opus du quintet atemporel se termine aussi franchement (pour ne pas dire brutalement) qu'il a commencé, comme s'il fallait naturellement revenir sans fin au point de départ.

Duels de sonorités électro, pop rock vitaminé et de guitares venues du rock progressif, soutenant une voix qui n'a pas d'âge, Morning Parade s'incarnent encore une fois dans son époque avec déjà presque trop de maturité, mais cette fois en laissant parler, sans rugir trop fort, cette passion utopique qui sommeillait quelque part.