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David Bowie

Blackstar

David Bowie - Blackstar
Chronique Album
Date de sortie : 08.01.2016
Label : Sony Music
5
Rédigé par Emmanuel Stranadica, le 8 janvier 2016
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Après un retour en 2013 magnifiquement orchestré (avec la sortie du single Where Are We Now? le 8 janvier, jour de son anniversaire et annonciateur de l'album The Next Day, premier opus sorti après dix ans de silence), David Bowie réitère et confirme son retour dans le monde musical avec la sortie de Blackstar, le jour de ses soixante-neuf ans.

Débutant avec le sublime morceau qui donne son nom au disque, l'anglais met tout le monde KO avec probablement la chanson la plus longue qu'il ait jamais sortie dans toute sa carrière. Celle-ci dure en effet près de dix minutes où se conjuguent à merveille électro, jazz et pop. Blackstar semble d'ailleurs contenir plusieurs chansons en une. Parfois proche de l'improvisation et pourtant porté par son côté d'immense visionnaire, David Jones ensorcèle tout au long de cette longue litanie avec sa voix sortie d'une planète morte ou plus exactement d'une étoile noire. Contraste saisissant entre la partie vocale et la mélodie, telle une opposition entre la vie et la mort, entre le bien et le mal ou encore le blanc et le noir, le Thin White Duke et ses musiciens réussissent un prodigieux tour de magie avec cette chanson qui permet d'ores et déjà d'affirmer que cet album sera un bon cru. Et ce n'est pas la suite de disque qui va lui donner tort.

En effet, les six chansons suivantes vont étoffer un peu plus ce Blackstar et lui faire prendre une envergure magistrale. Tout d'abord avec 'Tis A Pity She Was A Whore et Sue (Or In A Season Of Crime), deux morceaux déjà sortis l'année dernière sous la forme d'un vinyle. Audacieux jusqu'au bout, David Bowie se paye le luxe de réenregistrer ces deux chansons pour son vingt-cinquième album, ne lésant pas ses fans pour le coup, d'autant que son disque ne contient au total que sept compositions. Ces deux dernières flirtent entre le jazz et le rock. La batterie de Sue (Or In A Season Of Crime) semble même parfois se rapprocher du drum and bass, comme une resucée du Little Wonder de Earthling.

Les nouvelles chansons ne sont pas en reste non plus. Lazarus, composée à l'origine pour une comédie musicale, est probablement une des plus belles chansons publiées par Bowie depuis ces trente dernières années. Sa ligne de basse est sublimée par des cuivres et encadrée d'une rythmique parfaitement maitrisée, sur laquelle le britannique chante merveilleusement: « everybody knows me now ».
S'il est certain que tout le monde connait l'artiste, celui réussit toujours à se trouver où on ne l'attend pas. Girl Love Me s'apparente à une longue marche dans le désert sous un soleil de plomb, Bowie déroulant son texte dans un dialecte inconnu, comme si la chaleur le faisait délirer. Dollar Day sonne quant à elle très fin de soirée. Piano, saxo et batterie et cette voix chaleureuse malgré la complainte : « I'm trying too, I'm dying too ». L'album s'achève sur le très eighties I Can't Give Everything Away, dans laquelle Bowie semble en parfaite contradiction avec lui-même. « Saying more and meaning less, saying no but meaning yes », l'anglais conserve ainsi tous ses mystères après quarante-deux minutes musicales passées à la vitesse de l'éclair.

Si The Next Day constituait davantage de grandes retrouvailles qu'un disque de haute facture, Blackstar voit David Bowie se repositionner au sommet de l'affiche avec un tel album. Impressionnant musicalement et qualitativement, ce nouveau disque sonne comme une renaissance, un retour d'entre les morts. Étincelante du début à la fin cette étoile noire risque bien d'avaler tout le monde sur son passage. Et même si nous ne sommes que tout début janvier, on tient peut-être déjà bien là le disque de l'année 2016.
tracklisting
    01. Blackstar
  • 02. 'Tis A Pity She Was A Whore
  • 03. Lazarus
  • 04. Sue (Or In A Season Of Crime)
  • 05. Girl Love Me
  • 06. Dollar Day
  • 07. I Can't Give Everything Away
titres conseillés
    Blackstar - Lazarus - Dollar Day
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