logo SOV

ugly ozo

stargirl EP

ugly ozo - stargirl EP
Chronique Single/EP
Date de sortie : 24.10.2025
Label :REX RECS
35
Rédigé par Adonis Didier, le 24 octobre 2025
Bookmark and Share
Le point commun entre un alien rencontré par un vieux dans le Wyoming, Lauran Hibberd, et l'île de Wight ? Jessica Baker, ou comme on l'appelle plus régulièrement maintenant, ugly ozo. Ozo le moche, un nom récupéré d'Ausso One, cet alien prétendument rencontré par un vieux dans le Wyoming qui a fini par inspirer une jeune guitariste de l'île de Wight fan de UFOs, de surnaturel, et de films d'horreur au moment de monter son projet musical personnel vers 2019. Un projet limité dans un premier temps à des bidouilles instrumentales dans une chambre étudiante, à des couches de distorsion et de reverb empilées dans un compresseur, pendant que Jessica était elle occupée à servir de guitariste pour Lauran Hibberd, excellente artiste de pop-punk british et accessoirement compatriote de l'île de Wight.

Lauran Hibberd, avec qui on a découvert Jess Baker au Great Escape à Brighton en 2024, et ça tombe bien parce que 2024, c'est le retour du projet solo. Le retour d'ugly ozo, Jess embarque sa sœur Boo à la basse, commence à tourner au Royaume-Uni, sort un stupéfiant premier single nommé remains, puis plus rien jusqu'à l'année suivante, cette année, et l'annonce d'un premier EP suivi d'un deal avec le nouvellement créé label REX RECS du producteur Macks Faulkron. Un label encore tout bébé dont ugly ozo est pour l'instant la seule affiche, et un tremplin qui marche dans les deux sens tant pour l'artiste que pour le label, avec ce tout premier disque pour les deux parties, stargirl par ugly ozo.

Un EP de grunge-pop parfaite résultante de ce qui arrive à une ado fan des Wytches, des Breeders et des Pixies qui se retrouve à grandir dans un monde de Billie Eilish, de Dua Lipa, de Wet Leg ou encore de Lauran Hibberd. Une ado qui devenue adulte s'est aussi retrouvée confrontée à ce monde où le féminisme n'est plus seulement un concept mais une lutte armée, un besoin vital quand on a vécu des abus, des rabaissements et des injonctions à la beauté normalisée de la part d'amis et d'ex toxiques. Rajoutez une pile de glaçons, secouez pendant une minute, versez, et voilà onto a winner, du dream-rock sans le dream, du dream-rock à qui on a arraché les ailes et qui pour compenser s'est acheté une grosse Harley rose à paillettes. On passera sur la caisse claire en carton pour se concentrer sur des paroles qui mêlent chagrin d'amour, anorexie, et tendances TikTok, un thème du trop c'est trop qui reviendra sur sink or swim, injonction à lâcher prise sur le tourbillon de la vie des réseaux sociaux tapissée de blocs de guitares compactés au camion poubelle.

Allez hop, à la benne les ex et les tendances autodestructrices, les filles les plus belles, les garçons à la poubelle, et madonna dans la casa. Jessica qui dédie une chanson à sa sœur et bassiste Boo, « lady Madonna, les étoiles ne brillent que pour toi », jolie disquette sororale, c'est beau l'amour quand ça fait bim et ça fait boum, c'est beau l'amour quand ça fait ooh la la. « Tu me rends ooh la la », et le classique grunge du couplet calme refrain énervé qui fait encore des ravages jusqu'à un final dopé aux protéines par une production qui se donne enfin les moyens de ses ambitions. Une production qui ne fera que s'améliorer tout au long de l'EP jusqu'au climax cherry, de la très jolie dream-pop pleine de reverb, de filtre Kodak à l'ancienne et de gloss sur les lèvres, dans un bal d'accords de guitare brillante et de lignes de basse ultra bouncy.

ugly ozo, un talent encore très brut mais déjà bien présent, un diamant dont l'éclat ne demande qu'à se parfaire et qui, avec ce premier EP stargirl, signe son entrée dans le monde des petits qui pourraient bien devenir très très grands. Ou comment Ausso One, le gentil extraterrestre qui n'avait rien demandé à personne, s'est retrouvé propulsé depuis son Wyoming presque natal dans les amplis de Jessica Baker pour devenir cette créature de grunge-pop, ce monstre d'Halloween qui vous oblige à écouter Wet Leg si vous ne lui filez pas de bonbons, cet abominable rock de la Gen Z dont on ne doit pas prononcer le nom mais qui s'appelle ugly ozo.
tracklisting
    01. onto a winner
  • 02. madonna
  • 03. sink or swim
  • 04. ooh la la
  • 05. cherry
titres conseillés
    madonna, cherry
notes des lecteurs