Après plus de sept ans d'absence, le célèbre guitariste mancunien revenait cette semaine en France pour deux dates exceptionnelles. Son dernier passage dans l'Hexagone en salle remontait à mai 2018, à la Gaîté Lyrique. À l'époque, il venait défendre sur scène les chansons de son album
Call The Comet. Après un concert à l'Aéronef de Lille, c'est l'Élysée Montmartre qui l'accueillait donc pour ce grand retour.

Pour cette tournée, Johnny Marr est accompagné des Irlandais de
The Clockworks, chargés d'ouvrir la soirée. À 19h30 précises, devant une salle déjà bien remplie, les quatre musiciens débutent leur set avec
Endgame. Le son est percutant, les guitares acérées, et le post-punk est à l'honneur. Le groupe semble à l'aise et enchaîne rapidement avec
Bills And Pills, sur laquelle James McGregor, son leader, délaisse sa guitare pour se consacrer au chant. "Hello, nous sommes The Clockworks", déclare-t-il avant d'entamer
Enough Is Never Enough. Le son se durcit à nouveau grâce à la guitare supplémentaire. Le concert est plaisant : le groupe est appliqué et semble réellement heureux d'être là. Le début de
Mayday Mayday évoque
The Drowners de Suede, tandis que la nouvelle chanson
Best Days se fait plus groovy — au grand plaisir du public. D'autant qu'il n'est jamais simple d'ouvrir pour une tête d'affiche mais The Clockworks font mieux que s'en sortir. S'ensuite deux derniers titres puis ils quittent la scène, non sans remercier Johnny Marr de leur avoir offert cette opportunité. Trente minutes intenses pour un set percutant et prometteur.
La salle est désormais pleine à craquer, et la chaleur monte dans tous les sens du terme. L'excitation est palpable à mesure que les minutes s'égrènent. À 20h30, les lumières s'éteignent, les sirènes retentissent. Les quatre musiciens de Johnny Marr prennent possession de la scène et lancent le concert avec
Generate! Generate!. Tout de sombre vêtu, Johnny Marr, placé au centre, commence à distiller de somptueuses mélodies. Le son est excellent. Sous le backdrop où figure son nom, l'ex-guitariste des Smiths envoûte déjà son public avec une interprétation magistrale de
Panic. Après un bref bonjour en français, il plonge dans le versant électro de sa discographie avec
Armatopia. Tout au long du set, Marr s'amuse à alterner reprises de son ancien groupe mythique et compositions solo. Que dire de cette version magnifiée du sublime
New Town Velocity ? L'émotion déclenchée par la mélodie et les arpèges du guitar hero sont proprement saisissants.

Johnny Marr ne se limite pas à ses classiques et dévoile également trois nouvelles compositions, dont
It's Time, digne d'un inédit de la période
The World Won't Listen. Les guitares et la basse s'y répondent merveilleusement, esquissant déjà les contours d'un cinquième album studio très attendu. Il dédie ensuite
Hi Hello à "Everybody you love". Le spleen et la délicatesse du morceau rappellent irrésistiblement
There Is a Light That Never Goes Out, et l'émotion est à son comble — d'autant plus lorsque retentit
This Charming Man. Quarante-deux ans plus tard, ces chansons font toujours effet. Johnny Marr offre aussi de superbes moments d'intimité, presque en version unplugged, avec
Somewhere puis l'immense
Please Please Let Me Get What I Want. Le groupe, plus soudé et affûté que jamais, semble avoir gagné en ampleur depuis 2018.
Chaque morceau embarque le public dans un rêve éveillé, qu'il s'agisse de l'inédit
Spin ou du ténébreux
Walk Into The Sea. Puis surgit un furieux
Bigmouth Strikes Again, suivi d'un
Easy Money euphorisant et d'une version incandescente de
How Soon Is Now?. Le dernier quart d'heure est pure folie dans l'Élysée Montmartre. Le set principal s'achève dans une ambiance disco mancunienne avec
Getting Away with It — boule à facettes, lumières scintillantes et une salle entière emportée par la joie.
Le rappel survient deux minutes plus tard. Johnny Marr et ses musiciens livrent une superbe reprise de
The Passenger d'Iggy Pop, toute en justesse et élégance. Il annonce ensuite une nouvelle chanson,
Ophelia, dont le groove contagieux envoûte la salle. Après avoir présenté ses musiciens, il conclut par un hymne fédérateur :
There Is a Light That Never Goes Out. Véritable moment de communion entre le Britannique et son public, ce final laisse la salle bouleversée et heureuse à la fois. Les 1h35 du concert ont filé à une vitesse folle — on n'en revient pas que ce soit déjà fini.
Mission pleinement accomplie pour Johnny Marr et ses musiciens, qui ont enchanté une salle comble du début à la fin. Ironie du sort : c'est dans cette même salle que Morrissey avait donné son premier concert solo en France, le 29 avril 1991. Le temps passe, mais c'est sans nostalgie aucune que le guitariste d'un groupe "vraiment pas comme les autres" nous a fait rêver en cette fin d'octobre 2025. Plus que jamais, Viva Marr !