Chronique Album
Date de sortie : 29.01.2016
Label : Beaucoup Music
Rédigé par
Louise Beliaeff, le 3 février 2016
Ils nous avaient fait espérer de grandes choses avec un premier EP pétillant et des prestations parisiennes remarquées à la Boule Noire puis à la Cigale. Il ne restait plus qu'à confirmer leur place sur la scène pop-folk britannique. C'est désormais chose faite, le premier album All In Time du quintette franco-gallois s'avère aussi frais, dynamique et enchanteur que leur tube déjà fredonné par tous : England Skies.
Si ce groupe nous plaît, c'est peut-être d'abord parce qu'il est né dans une chambre d'étudiant, autour d'un modeste projet musical entre deux amis. En 2012, le guitariste mélodiste Marc Le Goff et la chanteuse Poppy Jones à l'origine des textes sont ralliés par Kilian Saubusse à la batterie, Virgile Rozand à la guitare et Toby Barnett à la basse et au piano. A force de concerts dans les rues d'une dizaine de villes du Royaume-Uni, le clan des cinq commence à faire parler de lui et se baptise Shake Shake Go, d'après la proposition d'un fan de six ans. Une musique simple, des mélodies chaleureuses, un son lumineux et dynamique porté une voix pure, des textes accessibles sur la vie et les sentiments, tout ça sans tomber dans le folk kitsch ni la pop douceâtre : voilà le talent de Shake Shake Go.
All In Time, Teach Me To Fly et Little Warrior illustrent largement l'influence folk du groupe. On la retrouve dès les premières secondes de l'album dans l'utilisation de la flûte, d'une batterie énergique martelant le temps à grands coups de tambours et d'une guitare sèche brodant des arpèges majeurs. Loin de sembler lourde et vieillotte, la musique est aérienne, et ce grâce à la voix atypique de Poppy. Un vent de liberté souffle sur cet opus, bande-son idéale d'un road trip entre amis en combi Volkswagen dans quelque contrée verdoyante, ambiance cheveux longs et coucher de soleil. Ah oui, parce qu'il faut être au moins cinq pour le clapping (Doors To Heaven) ou pour reprendre en chœur les fameux « Oh oh ooooh » et autres « ah ah aaaaah » des refrains. Un poil candide ? Oui, peut-être. Mais parfois, ça fait du bien.
Les Shake Shake Go savent aussi produire un rock martial qui nous fait gentiment penser aux guerres viking. Lead Me To The Water, composée à partir d'un bourdon (typique de la musique celtique) ininterrompu durant tout le morceau, frise le côté sombre sans toutefois y tomber. Le morceau est sauvé par la guitare électrique ; quant à Little Warrior, un piano providentiel à la Coldplay vient radoucir les mœurs. Plus douces justement, les ballades mettent en valeur le timbre pur et l'accent charmant de Poppy Jones.
La jeune groupie d'Arcade Fire n'a pas à rougir de son talent. Tantôt accompagnée par la guitare (Soon, The Lover Side), tantôt par des shakers (One Heart To Another) ou par un tambourin à cymbalettes rappelant les mélodies du groupe californien Edward Sharpe and the Magnetic Zeros (There's Nothing Better), la voix sans chichis de la galloise est à l'image de celle de Hannah Reid des London Grammar, de Dido, voire de Dolores O'Riordan des Cranberries.
La joyeuse troupe de Shake Shake Go auront vite fait d'oublier les premières parties qu'ils ont faites pour James Blunt ou Dan Croll. Les uns rêvent de l'Olympia, les autres du Wembley Stadium. Pas de doute qu'ils y passeront, là-bas, et sur d'autres scènes mythiques. En attendant, les Français pourront les applaudir à la Cigale le 10 mai et lors de nombreux festivals musicaux cet été. Courez acheter vos places, for God's shake.