Poppy Jones... Il y a un air boisé de countryside à l’Anglaise qui émane du nom de la chanteuse des Shake Shake Go. Large chapeau de feutre noir, emprunté à Janis Joplin vissé sur sa tête d’où tombent de longs cheveux roux sur un chemisier vert semi transparent, Poppy Jones ressemble à une de ces pionnières, féministes de la première heure dans le San Francisco libertaire de la fin des années 60.
En unique groupe de la soirée et pour la première fois en France, il faudra patienter jusqu’à 21h10 pour voir les Shake Shake Go jouer à guichets fermés sur la scène encaissée de la Boule Noire. Comme le souffle encore tiède d’un été indien dans les highlands écossais, la musique de Killian Saubusse aux percussions, Marc Le Goff (compositeur du groupe), Virgile Rozand aux guitares (tous les trois Français) et Toby Barnett à la basse (et piano) réchauffe la météo hivernale parisienne et la salle de la Boule Noire, au point de s’associer les chœurs des dizaines de fans venus positiver une bière à la main, le temps d’un concert.

Inspirés d’un folklore anglais très classique, les Shake Shake Go ne révolutionnent pas le rock. La batterie est claire et secondaire, la guitare rythmique est discrète et la lead souvent en retrait ; ce qui compte ici ce sont les chants à la limite du cantique gospel de la chanteuse, tels des cris de ralliement lancés à travers les collines de son pays de Galles natal. Certains se demanderont même, un brin ironiques, si les Irlandais des Cranberries ne sont pas de retour !
Il n’empêche, il n’y a pas grand-chose à reprocher à des titres folk pop taillés pour le plus grand nombre comme
The Lovers Side,
Take Me To The Sea ou encore
We Are Now. Poppy Jones possède cette voix lourde et assurée qui, à elle seule, entérine les espoirs mis dans ce groupe par nombre de nos confrères.

Et si la ballade
England Skies anticipe de deux mois les champs verdoyants du printemps ou les festivals Anglais brumeux, drapeaux nationaux en exergue, c’est du côté du titre le plus communicatif
All In Time, joué en rappel, que le public se sent le plus impliqué ; les guitares sèches qui fleurent bon le terroir et les produits AOC, la rythmique de fanfare ainsi que le refrain sans paroles fait d’onomatopée, taillé pour s’acoquiner le public n’y sont pas pour rien.
Fraîchement sortis des catalogues du label Beaucoup Music, Shake Shake Go n’ont pour le moment qu’un EP en prévision le 9 mars. Cela explique sûrement la courte durée du set : cinquante minutes chrono. Les Mumford And Sons ont donc maintenant une relève assurée. Reste à concrétiser les espoirs mis en Shake Shake Go qui devront faire mieux que de suivre les traces de leurs aînés et sortir des sentiers battus par le vent et la pluie pour proposer des compositions un brin plus complexes.