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Telegram

Operator

Telegram - Operator
Chronique Album
Date de sortie : 05.02.2016
Label : GramGram Records
3
Rédigé par Xavier Turlot, le 11 février 2016
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« Un train miniature qui ne s'arrête jamais ». Voici comment est décrit le premier album de Telegram par son guitariste Matt Wood, et rien n'est plus vrai. Ce premier opus de rock très classique, qui emprunte autant au punk qu'au glam-rock anglais des années 1970, déroule ses douze chapitres avec une frénésie haletante. Le groupe anglais a connu un début de carrière peu commun, s'affranchissant des habituelles tournées laborieuses dans d'obscures petites salles. Ils sont parvenus à s'ouvrir les antennes de la BBC6 avec un simple SMS subtilement envoyé à Marc Riley (célèbre présentateur d'une émission quotidienne de musique live) par l'intermédiaire de Charlie Boyer, le leader de Charlie Boyer And The Voyeurs. Une démo enregistrée sur téléphone plus tard et une audience massive leur fut ouverte avant même de se prendre au sérieux...

Follow, le premier single issu de l'album, offre un bon aperçu des intentions de ce quatuor londonien flambant neuf. Avec sa distorsion copieuse, ses effets en tous genres et une batterie pas avare en cymbales, cette chanson n'a pas à rougir face aux heures de gloire des Ramones ou des Undertones de la grande époque. Aeons, le second single, est fait du même bois brut, un condensé d'énergie pure qui gronde pour mieux exploser. Les racines du groupe sont profondément plongées dans l'histoire du rock britannique, chaque intonation ou pirouette stylistique est là pour le rappeler. Héritiers d'un mouvement psych-rock demi-centenaire, ce n'est pas un hasard s'ils ont récemment tourné avec Temples. Leur touche de glam et de grandiloquence n'est pas étrangère à leur fascination non dissimulée pour Brian Eno : le guitariste et le bassiste ont même fait partir d'un groupe de reprises de Roxy Music appelé Proxy Music.



Le train Telegram marque quand même parfois un léger ralentissement, comme sur le morceau Telegramme qui offre une baisse de tempo et de bruitisme bienvenue. Une lente ligne de basse d'outre-tombe vient scander une chanson sombre et maléfique sur laquelle Matt Wood entonne des incantations glaçantes. De nombreuses transitions et changements rythmiques viennent étoffer l'ensemble pour le conclure dans une joyeuse pagaille. D'autres très bonnes chansons sont présentes sur Operator, à l'instar de Have It You Way qui allie parfaitement qualité mélodique et puissance instrumentale avec une profusion de bonnes idées. Folly, le conclusion du disque, offre une belle dialectique entre passages dynamiques et passages calmes, avec toujours un suremploi des effets sur les guitares électriques. Il faut vraiment ne pas être effrayé par le noise rock pour entrer dans la musique de Telegram, leur son est clivant mais au moins le parti est pris, quitte à se voir bouder par les oreilles sensibles.

Le seul et unique « défaut » de ce premier album serait le manque de personnalité. Il est impossible de ne pas immédiatement songer à des dizaines d'autres groupes anglais lorsque l'on tombe sur Operator, au point sans doute de même les confondre si on les écoute à l'aveugle. C'est un défaut qu'on peut juger mineur, vu qu'il n'implique pas la qualité de la musique en elle-même, mais cette absence d'originalité peut contraindre le développement d'un groupe.
tracklisting
    01. Rule Number One
  • 02. Follow
  • 03. Inside/Outside
  • 04. Godiva's Here
  • 05. Aeons
  • 06. Under The Night Time
  • 07. Taffy Come Home
  • 08. Telegramme
  • 09. Regatta
  • 10. We've Got A Friend (Who Knows)
  • 11. Have It Your Way
  • 12. Folly
titres conseillés
    Follow, Under The Night Time, Folly
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