Ed Harcourt

Le huitième album d'Ed Harcourt sort le 19 août. Pile pour notre semaine de vacances au soleil, et justement, nos playlists avaient bien besoin de renouveau. Pourtant, Furnaces ne sera peut-être pas la bande-son idéale pour nos soirées estivales. A la différence du dernier mini-album Time Of Dust ainsi que Back Into The Woods qui le précédait, Ed Harcourt laisse de côté les mélodies douces, le piano et les complaintes ténébreuses.

Le poète maudit, jeune mais plus trop, connu mais pas encore assez, beau mais pas trop, n'a pas fini de nous surprendre. Depuis Maplewood, son tout premier CD auto-produit en 2000, chaque album est un coup de théâtre. Si l'on s'arrête à l'écoute de l'Intro, on reconnaît la pâte du dandy Anglais : le piano rassurant, la voix lointaine, les harmonisations agréables. Si l'on prolonge l'écoute, Furnaces se décline sous une toute autre forme, le tout plus fort, plus lourd, plus sombre, plus euphorisant. Il suffit de prêter attention au titre de l'album, ainsi qu'aux intitulés des morceaux : The World Is On Fire, Loup Garou, Immoral... On ne s'attend pas à de douces ballades.

Le fait est que l'artiste mixe son habituel ton flirtant avec l'étrange avec des sons bien rock, sinon à la frontière du métal. Oui oui. Dionysus ou There Is A Light Below en sont l'exemple. Une caisse claire militaire, un son agressif, une rythmique abrupte : Ed Harcourt ne fait pas dans la dentelle. Ce n'est pas du piano mais une guitare électrique saturée qui ponctue Nothing But A Bad Trip. L'ambiance est souvent sombre et quand les sons de cloches accompagnent les rythmes hip-hop lourds au fond du temps sur Immoral, Ed Harcourt se rapproche d'un Tom Waits underground. On apprécie les jeux de doublage de voix sur Occupation Hazard, le solo inquiétant du piano à la fin de Loup Garou. « I'm a beast of a man », Furnaces est finalement, le plus animal des albums du chanteur Londonien.

Secoué par de nouvelles forces, par une nouvelle énergie, par une certaine urgence, ce nouvel opus détone dans la discographie d'Edward Harcourt. Antarctica, le dernier titre, nous laisse comme dernière sensation, une certaine froideur. Furnaces est un album brut que l'on a du mal à apprivoiser. Si l'on était resté bloqué à Back Into The Woods en 2013, l'écoute des douze nouveaux titres nous laisse circonspects. Ed Harcourt ne sera sans doute pas la tête d'affiche du prochain Hellfest mais le quadragénaire a encore de quoi surprendre son public.