Wire

Wire n'en finissent plus d'étoffer leur discographie pourtant déjà plus qu'abondante. Plus de quarante ans après la sortie de leur historique brûlot Pink Flag, ce sont pas moins de quinze albums qui leur ont permis de s'imposer comme l'une des figures de proue des rescapés de la période punk/post-punk.

Ces dernières années, bien que riches en sorties, n'auront pas été mémorables artistiquement parlant pour la bande de Colin Newman ; en effet, depuis Red Barked Tree, paru en 2010, le groupe n'a pas réussi à convaincre et n'a su que proposer des albums plutôt insipides.
Aujourd'hui, Silver/Lead part, à son tour, dans une direction inattendue et encore inexplorée pour eux jusqu'alors ; la texture musicale, l'atmosphère, est largement mise à l'honneur alors que les guitares, instrument central de Wire depuis leurs débuts, est souvent reléguée au second plan. Pour autant, difficile de ne pas entrevoir, dès les premières notes de Playing Harp For The Fishes, la « patte » Wire : l'album est ponctué d'une section rythmique très binaire, les paroles sont toujours autant énigmatiques ; quant aux guitares, elles apparaissent bien plus mélodiques et moins tranchantes et brutes.

Playing Harp For The Fishes ouvre le bal avec une longue intro planante qui laisse place à une voix désincarnée psalmodiant sa complainte robotique. L'ambiance est pesante, humide, et on pense alors au Blackstar de Bowie. Ce disque, mélancolique à souhait (à l'image de Sleep On The Wing), revêt parfois des formes que l'on n'aurait pas devinées chez Wire : à la première écoute consensuel, ce disque surprend par son aspect accessible et pop.

Silver/Lead ouvre pour Wire une nouvelle voie : celle d'un pop rock bien produit, bien propre, parfois même trop. Malgré tout, les vieilles manières reviennent le temps d'une chanson (Short Elevated Period), pour notre plus grand plaisir. Les guitares nous manquent de temps à autre mais l'ambiance éthérée et planante permet à cette nouvelle sortie une constance qui manquait aux derniers opus.