Wire

Cet album tiré de la Black Session est peut-être l'ultime rencontre de deux légendes : Wire d'un côté, figure emblématique du post-punk, et les Black Sessions de Bernard Lenoir de l'autre, référence radiophonique en matière de live pendant de nombreuses années.

C'est donc dans les studios de la Maison de la Radio, le 10 mai 201, que la bande à Colin Newman avait rendez-vous avec une poignée de privilégiés pour cet exercice très prisé pour les artistes de passage dans la capitale. Programmés le lendemain à la Machine du Moulin Rouge, ils se livraient ce soir-là à une toute autre prestation dans le studio très intimiste de France Inter. Initialement vendu au stand merchandising lors des concerts du groupe, Wire a finalement décidé de faire de l'enregistrement un album officiel, permettant ainsi de dévoiler cette performance chez Bernard Lenoir.

Si les Black Sessions étaient souvent prisées des amateurs de musique, c'était aussi parce qu'elles étaient l'occasion pour les artistes de sortir des sentiers battus en réinterprétant leurs titres mais en se permettant aussi quelques reprises audacieuses (on se rappellera ainsi les choix judicieux de Stuart Murdoch lors du passage de Belle & Sebastian à la fin des années 90). Or, à la lecture du tracklisting de la session de Wire, nous constatons que les papys ne se sont pas tournés vers la prise de risque maximale, bien au contraire. Avec un choix de titres très proche de celui de la tournée pour Red Barked Tree, il semble que, pour Wire, cette Black Session n'ait été qu'une occasion parmi tant d'autres de donner un concert. Comme le lendemain à La Machine du Moulin Rouge, s'ils maîtrisent de plus en plus leur répertoire, leur chemin est désormais des plus consensuels et jamais durant les treize titres ils ne sortent des routes balisées.

Puisant principalement dans leur dernier opus, ils n'oublient cependant pas les plus vieux morceaux et terminent même (comme lors de leurs deux passages parisiens de 2011) par une version très psychédélique de Pink Flag, seul rescapée de leur premier album du même nom. Bien plus assagis qu'à leurs débuts, ils alternent entre morceaux calmes comme Adapt et d'autres plus énervés à l'image de Comet ou de Two People In A Room. Avec une orchestration plus acoustique que lors de leur tournée, il est à noter que, par moment, la justesse du chant n'est pas toujours au rendez-vous mais après tout, est-ce bien ce que l'on demande à ces messieurs ? La question reste ouverte.
Ne semblant pas avoir tiré avantage de la chance qui leur était donnée de passer à la Maison de la Radio, le travail de post-production n'est pas toujours très poussé et nous aboutissons ainsi à un album imparfait, révélant peut-être finalement ce qu'est Wire : un groupe de scène avant tout, trouvant son énergie dans une foule bruyante et transpirante et non dans quelques dizaines de personnes assises sagement.

On peut tout de même se demander si la prestation n'aurait pas été plus marquante si le groupe avait choisi de revoir son répertoire et de permettre aux spectateurs d'entendre des titres qu'ils n'avaient plus l'habitude de jouer en live. Un choix dommageable du point de vue de cette sortie.