Hannah Peel

Éloignée de quelques galaxies très lointaines de l'électro-pop frisquet de son dernier album ou de son groupe The Magnetic North, la songwriter nord-irlandaise Hannah Peel publie l'OVNI de la rentrée avec ce troisième disque en solo. Cet album concept entièrement instrumental explore le voyage dans l'espace lointain d'une voyageuse galactique, Mary Casio, vers Cassiopée ce fameux W.

Hannah Peel veut nous transformer en explorateurs d'exoplanètes avec ces sept pièces qui pourraient presque servir de BO à un film de John Carpenter. Les synthés analogiques vintage se mélangent à une section de cuivres d'une trentaine d'instruments, dans des crescendos irradiants de sonorités parfois cataclysmiques. L'anglaise a voulu reprendre l'ambiance des fanfares traditionnelles de son enfance, dans lesquelles elle jouait du trombone. Sur ces pistes étoilées, on pense parfois aux productions angoissantes de Portishead avec ces enchevêtrements rapides de synthés semblant évoluer aléatoirement vers une direction précise. Les boucles de trompettes intrigantes et autres couches de percussions forment une odyssée géante aux abysses colorés. Cette exploration électronique grandiloquente parvient à nous surprendre à chaque note entre claviers flottants s'extirpant d'un bouillon primitif aux échos dispersés et cuivres aux assauts parfois militaires.

Des tambours orageux saupoudrant l'atterrissage de la soucoupe volante au-dessus du désert qu'on a l'impression d'entendre sur Good Bye Earth, jusqu'à ce final grandiloquent où Hannah Peel explore le basculement du personnage vers un inconnu mélancolique et sombre sur The Planet of Passed Souls : le « Ticket To Ride » vers Cassiopée est riche en émotions fortes. L'orchestre héroïque de cuivres en suspension sur Sunrise Through The Dusty Nebula tente à lui seul de sauver le monde. Une face plus sombre est explorée sur Andromeda M31 avec cette rythmique parvenant finalement à s'élever au milieu du chaos moléculaire. Tandis que les comètes défilent dans une volupté aérienne sur Life Is On The Horizon, la « musique spatiale » habituellement un brin clichée se voit réinventée avec des instruments tout à fait Terriens. Le disque se termine sur la voix du grand père de Hannah Peel, enregistrée en 1928 sur un disque 78 tours, lorsqu'il était enfant de chœur dans la cathédrale de Manchester. Le son s'arrête et c'est là qu'on revient à notre place, assis dans notre salon comme après un tour de l'espace en Tesseract.

Mary Casio est-elle vraiment allée jusqu'à Cassiopée ou s'est-elle simplement imaginée ce voyage en regardant les étoiles ? Voilà en tout cas un album qu'il est conseillé d'écouter la nuit, couché sur le sol et le nez dans la voix lactée.