Out Lines

J'espère que Conflats fera du bruit. D'abord parce que c'est un très bon album, mais également parce que c'est un projet né de l'univers caritatif et enfin parce que donner de l'espoir et faire du bruit semblent les deux objectifs principaux de ce projet.

Côté bruit, la base était déjà solide puisque l'album sort chez Rock Action Records, le label monté par les membres de Mogwai. C'est le genre de disque qui se joue fort, et le trio a réussi un joli coup en produisant un résultat très sonore avec seulement trois musiciens plutôt timides et principalement équipés d'un harmonium et de percussions.

Derrière Out Lines se cachent en effet trois artistes Écossais. Le projet a démarré quand le directeur d'un centre d'accueil culturel dans le quartier le plus défavorisé de Glasgow, et probablement de tout le Royaume-Uni, a demandé à James Graham, chanteur de The Twilight Sad, de créer un spectacle autour du centre. Quitte à faire quelque chose de nouveau, celui-ci a choisi de s'associer avec quelqu'un qu'il ne connaissait pas et a contacté Kathryn Joseph dont le premier album, qui rappelle les univers oniriques de Björk ou Bat For Lashes, a été élu meilleur album écossais de l'année 2015. C'est cette dernière qui a ainsi embarqué dans l'aventure Marcus MacKay, qui avait produit son disque.

Alors que James et Kathryn interviewaient les visiteurs du centre, Marcus s'imprégnait de l'ambiance et de l'acoustique du lieu allant jusqu'à enregistrer les bruits ambiants. Les artistes ont parfaitement réussi à retranscrire les histoires et le parcours des personnes qu'ils ont rencontrées, créant une oeuvre extrêmement personnelle et touchante. Les instrumentations sont dépouillées mais la production est exceptionnelle, avec des morceaux très intenses dont la puissance vient des tripes.

Même si l'album veut transmettre l'espoir de personnes qui se reconstruisent, l'atmosphère est plutôt gothique. Et ce n'est pas que l'influence qu'a pu avoir la tournée en première partie de The Cure sur le leader de The Twilight Sad : le rythme est lent, les percussions lourdes, et la simplicité des mélodies mélancoliques rappellent l'album Pornography : le plus sombre d'un groupe sombre.

Cette performance qui ne devait être proposée qu'une unique fois sur scène a failli ne jamais atteindre nos oreilles. Heureusement, Marcus, en bon producteur, n'a pu s'empêcher de l'enregistrer, montrant au trio qu'il devait aller en studio. Alors ne passez pas à côté de cette oeuvre aussi musicale qu'expérimentale, dans laquelle les artistes se mettent totalement au service de l'histoire des autres.