Serpent Power

Deux ans et demi après nous avoir comblé avec un premier album éponyme, Serpent Power remet le couvert en cette mi-décembre en sortant en catimini Electric Looneyland. Ce « superduo », composé de Paul Molloy (The Zutons) et Ian Skelly (The Coral), reprend là il s'était arrêté en 2015 : dans un patchwork psychédélique qui emprunte à moult genres différents pour se forger sa propre identité, bigarrée et exaltante.

Serpent Power fait partie de ces disques sur lesquels on revient en tant que rédacteur en se demandant s'il ne mérite finalement pas 4,5 au lieu du 4 attribué à l'époque de sa sortie. Consistant sur la durée, l'album se veut toujours aussi pertinent même après l'avoir écouté de très nombreuses fois en l'espace de deux ans et demi.
On peut donc dire que Electric Looneyland était particulièrement attendu au tournant en cette fin d'année. Au premier abord moins éparpillé que son prédécesseur, ce second opus nous gratifiera même de compositions à l'ambiance plus posée et ambitieuse (la somptueuse Howling, les très Coral-esques Gates Of Heaven et Ancient Aviator).


Electric Looneyland est plus subtil dans ses arrangements, plus sage dans sa folie. Il est aussi plus court et dense, rentrant dans le vif du sujet et affichant de beaux moments de psych rock semblant venir tout droit des années 70, entre un Jekyll & Hyde qui marie notes de synthé joliment barrées et solo de violon imparable, l'irrésistible The Colour Out Of Space ou encore le bien trop bref In The Witching Hour.
Electric Looneyland comprend aussi quelques morceaux rock'n'roll, à l'image de l'odyssée spatiale Black Angel Rider, de In Her Mind I Am Me, sorte de croisement bâtard entre The Coral et Queens Of The Stone Age, ainsi que de The Sleeper qui s'infiltre dans notre cerveau à coups de riffs de guitare dantesques que ne renierait certainement pas John Dwyer (Oh Sees) !


L'une des marques de fabrique de Serpent Power est de surprendre l'auditeur en offrant des ponts instrumentaux détonants qui savent se démarquer et créer une identité et une cohérence forte tout au long de ses disques. C'est ainsi peut-être ce savant mélange qui à son tour va parvenir à faire durer sur la longueur ce deuxième album du duo anglais. A voir lors de la sortie du troisième album de Serpent Power si ce Electric Looneyland méritera lui aussi à son tour la note de 4,5 !