Belle And Sebastian

Belle And Sebastian ont toujours fait dans le rétro, mais avec How To Solve Our Human Problems ils opèrent un véritable retour aux sources pour cette trilogie d'EPs compilés en un album.

Sur ces disques le groupe a décidé de prendre plus de liberté dans l'enregistrement. Finis les marathons en studio avec un producteur pour délivrer une douzaine de titres pour un album. Il est clair qu'ils avaient touché leurs limites avec leur dernier disque, Girls In Peacetime Want To Dance, qui manquait d'inspiration et d'énergie.

Revenu à l'autoproduction pour la plupart des titres, le groupe a forgé un son ambitieux et des ambiances variés qui doivent autant au soleil de la Californie qu’aux brumes de Glasgow. Les effets et les synthés donnent des airs rétro-futuristes, un peu comme si 2018 était imaginé en 1968. L'auto-production et le contrôle artistique total sont poussés à l'extrême puisque les pochettes présentent des fans photographiés par le leader du groupe.

On retrouve sur cet album la magie de leurs premiers disques, avec une collection harmonieuse de chansons aux ambiances pourtant différentes, à l'image du sextet où chacun apporte sa fantaisie et son talent.
On passe ainsi de la joie naïve de Sweet Dew Lee à un ton plus grave sur le génial We Were Beautiful, alors que Flickle Season est une ballade acoustique. Show Me The Sun nous emmène en Californie, l'ambiance sautillante et estivale me rappelle la vidéo de leur concert à Coachella. Retour en Grande-Bretagne sans escale pour The Same Star qui, bien que portée par un rythme sautillant, est bien plus mélancolique et humide. La voix de Sarah et le ton me rappellent les regrettés Black Box Recorder.

Entre La La Land et Glasgow, le disque a des réminiscences de Pink Floyd, des Doors et des Beach Boys, un nouveau territoire pour Belle And Sebastian et un autre bénéfice de ce format qui leur laisse toute liberté artistique. Poor Boy confirme que le groupe utilise ce format jusqu'au bout pour sortir de sa zone de confort et explorer de nouvelles manières de composer. Si ce n'était pour la voix caractéristique de Stuart Murdoch qui arrive après le premier couplet, on aurait du mal à reconnaître les écossais sur ce morceau de pop funky et rétro.

Ces artistes ne vont peut-être pas réussir à résoudre les problèmes de l'humanité, mais ils signent un album à la hauteur de ses classiques.