The Sherlocks

Comme avec certaines enquêtes policières, il faut parfois repartir de la fin pour mieux comprendre toute l'affaire. Pour cette chronique prenons donc les chose à l'envers, mon cher Watson. Under Your Sky, donc, deuxième album des Sherlocks. C'est aussi la chanson titre et le dernier titre du tracklisting. Avec ce ce mid tempo épique, complexe et ambitieux, les Sherlocks montrent comment ils pourraient bientôt régner sur le rock mondial. Pendant 4 minutes et 33 secondes, le groupe de Sheffield emballe son monde : les guitares s'envolent, la mélodie prend aux tripes et l'émotion tape juste avant de s'achever dans un déluge de feedback. On jurerait même ici entendre Noel Gallagher avec Oasis circa On The Shoulder Of Giants. On en redemande.

Mais, las, le reste de l'album n'atteint jamais vraiment ces altitudes vertigineuses. Quelques chansons tirent leur épingle du jeu. I Want It All, qui sonne comme un mix entre Rebellion (Lies) d'Arcade Fire et les Kings Of Leon, s'avère une entrée en matière convaincante. Plus loin, Dreams brille grâce à sa mélodie british et sa production chaleureuse et dynamique. La dansante et efficace Waiting regarde quant à elle du côté des Strokes.

Mais ailleurs, les chansons paraissent souvent trop téléphonées pour vraiment convaincre. Give It All Up, Time To Go, Magic Man, Now And Then... Pas besoin d'être Sherlock Holmes pour déduire que cette musique, on l'a déjà entendue ailleurs. Ces riffs, ces mélodies, ces progressions d'accords, ces rythmiques sont l'alpha et l'omega du pop-rock moderne. Kings Of Leon, Coldplay, The Killers... Les Sherlocks s'appliquent à reproduire ce que d'autres ont créé avant eux. Avec un une envie, une authenticité et un savoir-faire évidents. Certes. Mais on regrette un manque d'originalité et d'émotion qui empêchent ces titres bien charpentés et dynamiques de viser l'excellence.

Au niveau sonore, c'est pourtant du costaud : les guitares grattent quand il faut, la basse ronronne, les batteries sont compactes et punchy. Tout l'album bénéficie d'une production dorée à l'or fin made in Liverpool par James Skelly, le Coral en chef himself. L'énergie déployée sur Live For The Moment, leur précédent album, est ainsi canalisée pour prendre une direction plus pop. Les guitares brutes et abrasives laissent place à des textures plus sophistiquées : claviers, filtres, guitares acoustiques, xylophones...

« On vise les stades » confie Kiaran Crooke, chanteur et guitariste. Et force est de constater qu'en honnêtes artisans les Sherlocks remplissent les salles partout dans le monde. Avec un groupe de rock à guitares, c'est déjà énorme. On peut aussi regretter qu'avec leur songwriting souvent trop linéaire et référencé ils peinent encore pour l'instant à décrocher la lune.