Kaleida

Odyssey est comme un long voyage à travers les mers qui séparent les deux protagonistes de Kaleida. En effet, après avoir vécu une dizaine d'années à Londres, Christina, moitié chantante de la paire, a décidé de retourner vivre aux Etats-Unis, laissant la compositrice et productrice Cicely de ce côté de l'Atlantique.

Malgré la distance, le duo éclaté est incroyablement fusionnel. Les parties instrumentales et chantées sont chacune assez riches pour se suffire. Ensemble, elles prennent une nouvelle dimension qui met en lumière la force de ce duo créatif. De l'aveu des artistes, l'éloignement a rendu les choses tellement compliqués que cela les a libérées de toute pression sur le résultat.

Cette symbiose parfaite se retrouve aussi sur le tracklisting où les morceaux se suivent comme les mailles d'une chaîne bien huilée. Cette homogénéité peut faire perdre ses repères, comme dans un labyrinthe, on n'est plus trop sûr si on est déjà passé par là et si on évolue dans la bonne direction, ou si le minotaure va nous dévorer. Les derniers morceaux de chaque face du disque (Feed Us Some et No Computer) sont assez angoissantes.


D'autres couples se répondent de manière intéressante comme les morceaux Fake et The News. Cette dernière commence dans une atmosphère très dépouillée avec juste une voix et un piano. A mesure que le morceau évolue, le piano se mue en matière électronique, si naturellement que la transition est imperceptible. De son côté Fake suit une autre forme d'évolution. Le morceau commence dans une ambiance trouble avec une voix qui semble perdue dans un milieu aquatique, et le morceau monte progressivement jusqu'à un final clair et aérien.

Cet album en équilibre entre rêve et réalité est la bande son de notre époque. A ce titre, vous pourrez montrer aux générations futures le vidéo clip de Other Side dans lequel des danseurs évoluent dans les rues désertes de Berlin pendant le confinement.