The Underground Youth

Les dernières productions de The Underground Youth nous avaient bien fait comprendre le désir de son hyper-actif leader Craig Dyer de donner un son plus lisse à ses compositions. Au-delà de l'exigence, et de la qualité des morceaux, certains pouvaient regretter le temps du magnifique Sadovaya (2014) où le groupe présentait des titres aux accents post-punk shoegaze. Les compositions étaient rêches, bruts, et évoquaient les meilleurs aspects de My Bloody Valentine ou The Jesus And Mary Chain.

En six ans, The Underground Youth ont bien changé. Certes, ils ont gagné en maturité, mais au risque peut-être de perdre sensiblement en spontanéité. En tous cas, The Falling conforte cette idée tant la production est léchée, propre, sans aspérité.
La direction musicale choisie est l'autre aspect qui interpelle. Si Mademoiselle marquait déjà une prise de distance évidente avec les influences shoegaze, The Falling persiste dans cette direction. C'est désormais dans une recherche revendiquée de sonorités folk que The Underground Youth s'engouffrent, à l'image du plaintif Egyptian Queen. Ce morceau est chevillé par la guitare acoustique et enveloppé par une mélodie au violon assez surprenante. Même logique sur And I... et sur For You Are The One, qui vous laisse penser un instant que vous êtes au beau milieu d'un saloon entouré de cow-boys dépressifs.

Ce choix artistique n'est bien évidemment pas problématique, encore faudrait-il que les compositions apportent un peu plus qu'une vague impression de cliché. Alors bien sûr, ça se laisse écouter, c'est sympathique, mais on est pas vraiment aidés par les paroles assez bancales et simplistes. Cabaret Of Curiosities, est un peu le parfait amalgame de ces impressions négatives, ce qui rend le morceau limite malaisant tant cela est flagrant.
Tout ce cirque vous laisse hagard, mais on baigne dans des atmosphères où le trait est trop tiré et la frontière du too much est parfois malheureusement atteinte avec des ambiances chansons romantiques à la guitare sèche au coin du feu. Le titre éponyme qui ouvre l'album se veut profond, et la voix grave de Craig Dyer aura tôt fait d'évoquer Nick Cave. Mais là aussi, malgré une chanson à la mélodie intéressante, on frôle la limite et on se dit que décidément, The Underground Youth en font vraiment des caisses. Décidément, un minimum de retenue n'aurait pas été de trop pour éviter l'indécence.

On arrive pourtant de temps à autres à se dépêtrer du malaise, notamment avec Vergiss Mich Nicht, qui, s'il n'arrive pas à tout sauver, dégage une mélancolie douce que l'on retrouve aussi sur A Sorrowful Race, dont le titre illustre à merveille l'ambiance du morceau. Cette pièce fragile et touchante constitue peut-être le meilleur moment de l'album avec le titre final, Letter From A Young Lover et son enveloppe au piano.
Malgré tout ça ne suffit pas à faire passer la pilule et on sort malheureusement de The Falling avec un sentiment désagréable. L'ensemble est assez impudique et côtoie à de maintes reprises le stéréotype. Le talent de The Underground Youth est indéniable mais The Falling est un amoncellement de truismes beaucoup trop important pour un seul album.

Au final on s'agace de voir ce que le groupe de Manchester nous promettait à l'époque de Sadovaya, et ce qu'il nous présente aujourd'hui. Le constat est brutal et n'en rend la déception que plus grande. On oublie ça et on repart dix ans en arrière ?