Chronique Album
Date de sortie : 25.06.2021
Label : Frenchkiss Records
Rédigé par
Bertrand Corbaton, le 22 juin 2021
ous avez dû remarquer à quel point l’analyse d’une œuvre, qu’elle soit musicale, picturale ou autre, est dépendante des références assimilées depuis notre naissance, de notre culture, et de notre passé de façon plus générale. Ainsi, l’écoute d’un nouvel album sera appréhendée à travers un filtre de nuances propre à chacun, construit sur ses propres expériences, sa propre éducation.
Si vous avez écouté Foals une fois dans votre vie, alors il est possible que vous vous rappeliez de la bande d’Oxford lorsque vous découvrirez ISLAND. C’est surtout un certain mimétisme dans le jeu de guitare qui poussait à oser un rapprochement avec Foals. Pour être tout à fait honnête, la comparaison s’arrête là, et on conviendra bien vite qu’il ne suffit pas d’adopter un son déjà existant pour bénéficier du talent d’un groupe. Ni d'être "fils de..." d'ailleurs.
Nous voici donc trois ans plus tard avec Yesterday Park, suite du premier album Feels Like Air (2018). Ce nouvel effort emprunte les mêmes chemins que son prédécesseur. Le morceau d’ouverture Octopus ne laisse que peu de doute quant à la volonté du groupe à nous resservir une pop douce et accessible derrière un pseudo-rock indé intéressant, mais qui au final, ne trompera personne. Là encore, n’est pas Foals qui veut.
Car la musique de ISLAND est très calibrée, très proprette, sans la moindre aspérité. My Brother, When I Gave My Heart ou Young Days sont des preuves de bonne volonté mais demeurent au final bien vaines pour toucher l’auditeur. La mélancolie des morceaux est palpable, mais frôle par moment le manque de pudeur, et on ne laisse difficilement berner par les bons sentiments grossiers qui s’étalent au fil des minutes. La longueur de l’album n’aide pas vraiment et rajoute cette sensation d’ennui, un sentiment de perdition. Les morceaux s’enchaînent et les moments où l’on perçoit la lumière ne sont que trop rares.
Pourtant, ISLAND démontrent souvent un sens évident de la mélodie comme sur The Lines We Follow. On peut citer aussi Everyone's The Same, et ses faux airs à la Weezer. Malheureusement l’ensemble est gâché par le manque d’originalité qui irrigue l’album. Un éclair vient pourtant illuminer Yesterday Park. Avec Do You Remember The Times, ISLAND prouvent que tout n’est pas perdu. Mélancolique sans être caricatural, percutant et direct, ce titre est un véritable bon morceau. Il affiche de réelles promesses, qu’il ne faudra pas s’attendre à voir arriver sur cet album. Pour l’instant, ISLAND ressemblent à un énième groupe avec peu de saveur, dont les compositions semblent juste calibrées pour des séries de mauvaises qualité de teenagers (When I Gave You My Heart, By Your Side).
Ainsi, en deux albums, la formation semble déjà avoir atteint son plafond de verre tant il nous fait penser à un poisson tournant en rond au fond de son bocal. Certaines compositions intéressantes attestent du talent des musiciens, et il est possible que tout ne soit qu’une question de formule. Peut-être ISLAND n’ont-ils simplement pas encore résolu l’équation qui leur permettrait véritablement de devenir autre chose qu’une redite avec trop peu d’envergure.
En attendant que le groupe trouve la solution à ce problème comme un enfant besogneux au fond de la classe, allez faire un tour, et écoutez un vieux Foals.