logo SOV

Manic Street Preachers

The Ultra Vivid Lament

Manic Street Preachers - The Ultra Vivid Lament
Chronique Album
Date de sortie : 10.09.2021
Label : Columbia Records/Sony Music
35
Rédigé par Laetitia Mavrel, le 9 septembre 2021
Bookmark and Share
Et de quatorze ! Un chiffre plus qu'honorable en trente ans de carrière pour les Manic Street Preachers qui restent à ce jour l'un des groupes le plus emblématique de la fière contrée galloise. Sans compter les multiples compilations, éditions Deluxe, remasters et autres collaborations, les étagères des fans ne cessent de se garnir. Rajoutons les prestations live, les Manics se produisant en temps normal une année sur deux. Ici, la question de leur désintérêt pour la France reste encore sans réponse.

Mais peut-être que cela changera avec l'arrivée de The Ultra Vivid Lament, disque riche en textures et en émotions. Il faut cependant réussir à aborder un nouveau disque des Manic Street Preachers libéré des nostalgies liées à leurs plus grands succès. On découvrira ainsi dès les premières écoutes un disque de pop brillante, à l'orchestration et aux arrangements particulièrement réussis.

Musicalement, nous voici dans un répertoire mélodieux où chaque instrument trouve sa place sans jamais fouler les plate bandes des autres. En sus de la guitare toujours intense de James Dean Bradfield, le piano domine largement la plupart des morceaux. On retrouve également beaucoup d'effet d'échos avec des claviers qui offrent une perspective pop assez orchestrale.
Des chœurs, soit en canon par Bradfield lui-même ou féminins et deux duos, exercice très apprécié du groupe. Au-delà du single The Secret He Had Missed interprété avec Julia Cumming du groupe Sunflower Beam qui ressort comme un des titres un peu lisses du disque, la vraie surprise vient de Blank Diary Entry avec Monsieur Mark Lanegan qui, de sa voix sombre et sexy sur fond de guitare mariachi, fait monter d'un cran la température du disque.


Les Manic Street Preachers ont depuis les années 2010 fait le choix de compositions à l'image de leur évolution. Les guitares se sont globalement assagies, les envolées rageuses se font bien plus rares mais le soin apporté à la production de leurs disques les crante dans un registre pop rock de haute qualité.
Fidèle à leur amour du Japon, le titre d'ouverture Still Snowing In Sapporo offre une introduction quasi mystique avec ses longs samples vaporeux qui aboutissent sur une guitare et une rythmique très entrainantes. Le single Orwellian dévoilé en amont démontre les talents de pianiste de James Dean Bradfield et se rapproche de l'atmosphère faite de spleen et d'élégance de l'album solo Even In Exile, composé en hommage au musicien chilien Victor Jara l'an passé.


On retrouve ainsi une certaine intensité camouflée timidement sous un chant sage (un peu trop peut-être)sur des titres tels Diapause ou Complicated Illusions. Il est d'ailleurs à noter des effets de synthé venant étoffer les ambiances mais qui alourdissent inutilement les mélodies. Ainsi, quelques morceaux peinent à se dessiner une réelle personnalité comme Quest For Ancient Colours ou Into The Waves Of Love.

On n'efface pas cependant trente ans de carrière rock aussi facilement, c'est pourquoi on retrouve un peu de cette verve que gardent en eux les gallois avec le très bon Happy Bored Alone rappelant cet album bien trop méconnu qu'est Journal For Plague Lovers, composé des derniers écrits de Richey Edwards. On y ressent comme une tension mais délivrée de façon légère. De même, le titre de clôture Afterending offre un retour à la ligne de basse dominante et, très étonnamment, les chœurs en mode « lalala » qui ne font pas légion dans la discographie du groupe offrent ici une bien agréable surprise.

On entend ici ou là des références aux maitres incontestés de l'Europop qui nous ont surpris avec leur retour annoncé quatre décennies plus tard, tout en hologramme (vous avez deviné ?). Il n'en demeure pas moins que les Manic Street Preachers, malgré un répertoire dorénavant bien plus axé sur la recherche de la mélodie parfaite plutôt que les diatribes endiablées, restent un groupe rock.
The Ultra Vivid Lament est un disque ultra travaillé, probablement en partie impacté par les sentiments exacerbés qu'ont déclenché la pandémie et ses confinements successifs. La plume y est toujours confiée à Nicky Wire que la cinquantaine rend plus sage dans ses textes mais pas encore sur scène où les sauts de cabri sont toujours exécutés fidèlement.

Un disque des Manic Street Preachers est toujours honnête, jamais à la recherche du hit et risquant de se faire trop discret. Néanmoins, la qualité est au rendez-vous de ce quatorzième album et nous espérons que le groupe reviendra confirmer nos dires un de ces jours dans l'Hexagone, les déplacements vers le Royaume-Uni étant devenus un vrai sacerdoce.
tracklisting
    01. Still Snowing In Sapporo
  • 02. Orwellian
  • 03. The Secret He Had Missed (feat. Julia Cumming)
  • 04. Quest For Ancient Colour
  • 05. Don’t Let The Night Divide Us
  • 06. Diapause
  • 07. Complicated Illusions
  • 08. Into The Waves Of Love
  • 09. Blank Diary Entry (feat. Mark Lanegan)
  • 10. Happy Bored Alone
  • 11. Afterending
titres conseillés
    Orwellian, Blank Diary Entry (feat. Mark Lanegan) , Happy Bored Alone, Afterending, Diapause
notes des lecteurs
Du même artiste