SPINN

Entre les effets néfastes de ce fichu variant Omicron qui menace la tenue des prochains concerts, ce dernier match Tinder qui vient de vous avouer son amour pour le dernier Coldplay, et votre meilleur ami qui tapisse son mur Facebook de déclarations du professeur Raoult pour mieux affirmer sa qualité de rebelle antivax résistant face à la dictature sanitaire, avouons que votre début d'année 2022 n'a rien de très engageant jusqu'ici.

Dans l'hypothèse où l'album des Wombats n'aurait pas suffit à vous redonner la bonne humeur nécessaire pour passer outre ces vilains désagréments, il est peut-être temps de penser à votre dose de rappel en vous intéressant à Outside Of The Blue, second album de SPINN. Que cette dernière phrase ne vous induise pas en erreur, SPINN sont bien eux aussi issus de Liverpool, mais ne sont pas une pâle copie de The Wombats, même si quelques similitudes vous sauteront forcément aux yeux, notamment dans l'énergie et l'efficacité déployées dans chacun des onze morceaux que composent Out Of The Blue. En vérité SPINN est bien plus que cela.

Certes, leur premier album éponyme n'avait peut-être pas bougé les lignes de façon suffisante pour se faire réellement un nom. Outside Of The Blue doit réparer cette injustice car ces gars-là méritent leur place dans le foisonnement pop-rock de Grande-Bretagne. Il y a chez SPINN une véritable facilité pour la mélodie pop accrocheuse. Des titres comme Stargazing ou Sweet Like Honey vous emportent immédiatement sans pour autant tomber dans une facilité un peu niaise qui abîmerait le propos du groupe. Il n'y a pas de réels faux pas dans cet album, et les mélodies ont quelque chose qui vous fera certainement penser à l'approche de Johnny Marr des Smiths, comme sur The Things She Said To Me ou Outside Of The Blue. Mais il n'est pas question de singer bêtement leurs illustres prédécesseurs, SPINN s'assurent de leur originalité et se construisent une personnalité qui leur est propre.

Certains titres sont réellement remarquables, comme l'excellent Billie, véritable tourbillon pop à l'enveloppe légèrement mélancolique qui révèle un talent pour la composition qui ne se dément pas. Daydreaming est beaucoup plus lumineux, mais démontre la même application et la même force de conviction.
Même remarque sur l'imparable People Should Know Better, ou sur le titre d'ouverture Hello. De prime abord assez évident et sans réelle consistance, ce morceau se dévoile peu à peu pour s'imposer comme un incontournable de l'album. Getaway est peut-être légèrement moins inspiré, et l'anecdotique balade de fin The Outside Looking In était certainement dispensable. Certes, de façon générale les paroles sont légères et font tout de même penser aux écrits du journal intime d'adolescents romantiques.

Mais qu'importe, l'intérêt ne se situe pas là et Outside Of The Blue est une vraie réussite. Voici le genre d'événement qui pourrait être fondateur pour ce groupe talentueux. En tous cas, il mérite cent fois que vous y apportiez votre intérêt. Vous aurez ensuite tout le loisir de raisonner votre meilleur ami pour qu'il arrête une bonne fois pour toutes avec cette idiote croisade antivax sur les réseaux sociaux. Pour votre match Tinder en revanche, laissez tomber...