Chronique Album
Date de sortie : 17.06.2022
Label : Icons Creating Evil Art
Rédigé par
Bertrand Corbaton, le 22 juin 2022
Il est vrai que revient toujours cette question de l'originalité dans la musique, et qu'aux créations des groupes se voit opposé l'argument du déjà-vu. C'est un fait, pourtant, dernièrement, des formations comme King Hannah ou Just Mustard ont réussi à présenter des travaux d'une qualité rare tout en s'inspirant et en puisant dans l'essence d'illustres aînés.
Avec Baby Strange, l'équation risque de ne pas tomber aussi juste. Pourtant, ce groupe écossais formé en 2012 a de quoi vous intéresser, vous faire passer outre cette fichue canicule et vous pousser à vous trémousser énergiquement au milieu de votre salon au son de ce nouve album, World Below.
Baby Strange ne sont ni punk, ni pop, mais pop punk pourrait assez bien décrire leur musique, selon ce que vous voulez bien mettre dans les deux termes. On trouve un peu de tout chez ces jeunes gens. Du très bon comme sur le déluré et nerveux Beating In Time, ou sur ce Under The Surface, physique et accrocheur. MAis aussi malheureusement des choses un peu plus improbables, ou en tous cas moins prenantes, à l'image de l'électronique When It Calls ennuyeux à souhait, ou de ce Only Feel It When It Calls, faussement dramatique.
Baby Strange ont pourtant pour eux une faculté évidente pour l'accroche, la mélodie qui vous prend et ne vous lâche plus, s'immisce dans votre esprit pour ne plus en sortir comme sur le titre éponyme, sur Higher ou ce 0141 aux aspérités qui évoquent Devo.
Les titres sont nerveux et les refrains comme sur Poor Old Me se projettent comme autant de balles perdues, un peu à l'image de ce que pouvait faire The Bravery en leur temps. Malheureusement, World Below souffre de ce manque d'originalité qui pour le coup est rédhibitoire. Car si le groupe ne manque pas de bonnes idées, le peu de personnalité de l'ensemble ne permet pas de décoller et nous laisse presque de bout en bout au bord du quai, dans l'attente d'un train qui ne passera jamais.
Ainsi, on voudrait se laisser emporter, mais on se retrouve trop souvent devant un encéphalogramme plat. Si les refrains ravageurs fonctionnent sur le moment, l'envie d'y revenir n'est pas toujours évidente. Baby Strange prétendent à beaucoup de choses, mais devraient s'interroger sur leurs capacités à y parvenir.
La formule peut certes prendre en musique de fond sur des séries pour adolescents, mais sur le long court, c'est beaucoup moins évident. Au final l'écoute de tout l'album peut vite devenir ennuyeuse à moins de vraiment plonger dans cette atmosphère légère et nerveuse, et de ne pas trop se poser de questions.
La situation est assez compliquée pour Baby Strange, et il va falloir résoudre le problème assez rapidement pour éviter de voir tomber totalement dans l'oubli les quelques très bons morceaux pop rageurs que recèle cet album. Une telle issue serait vraiment dommageable, car ces écossais ont vraiment quelque chose à donner. Mais pour l'instant voilà qui ne suffit pas à faire tenir l'ensemble et l'articuler correctement.