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black midi

Hellfire

black midi - Hellfire
Chronique Album
Date de sortie : 15.07.2022
Label : Rough Trade Records
45
Rédigé par Amandine, le 13 juillet 2022
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Depuis 2019, le moins que l'on puisse dire, c'est que black midi n'ont pas chômé : après leur premier album unanimement encensé par la critique, ils revenaient en 2021 avec Cavalcade, un disque moins brut, plus mélodique, gardant toutefois ce joyeux bordel auditif tant apprécié depuis leurs débuts. Hellfire, écrit pendant le confinement, a donc la lourde tâche d'au moins égaler son prédécesseur sans toutefois faire dans la redite.

Le titre éponyme, en guise d'ouverture, déroule pendant moins d'une minute et trente secondes une horde de violons et de paroles scandées de cette voix nasillarde si percutante et reconnaissable exprimant un sentiment d'urgence. C'est théâtral, magistral et on ne pouvait rêver de meilleure entrée en matière. Les bases sont désormais posées.
On avait déjà constaté, avec la sortie de l'an dernier, le talent du trio britannique pour le storytelling ; Hellfire gravit encore une marche dans ce domaine et la facilité de black midi à raconter des histoires est ici particulièrement bien mise en avant.

On suit ainsi une flopée de personnages peu avenants dans leurs aventures délirantes, combattant sur un fil ténu entre le bien et le mal . On vit l'urgence, le malaise. Geordie Greep, le chanteur, s'amuse d'ailleurs de son goût immodéré pour les salauds peu fréquentables : "Presque tout le monde représenté est une sorte de salaud. Presque tout ce que j'écris provient d'une chose vraie, quelque chose que j'ai vécu, exagéré et écrit. [...], j'ai toujours aimé les films et tout ce qui représente l'enfer. L'enfer de Dante. Quand Homer va en enfer dans les Simpson. Il y a un robot Hell dans Futurama. Isaac Bashevis Singer, un écrivain juif qui dépeint un Satan s'immisçant dans la vie des gens. Il y en a plein !"

Ainsi, Sugar/Tzu débute comme un combat de boxe pour qu'une mélopée jazzy prenne la suite. La folie mélodique n'est d'ailleurs pas sans rappeler celle des débuts sur Schlagenheim. Résumer cet album à une succession de morceaux un peu fous et déstructurés serait cependant une grave erreur comme en atteste Eat Men Eat, totalement inédite dans le style teinté de flamenco. Encore une fois, on raconte une histoire et chaque épisode qui la compose possède son moment et son tempo propres. On peut également citer Still et sa folk country qui, même s'il n'est pas le moment le plus mémorable de l'album, vient encore nourrir les expérimentations du trio.
Néanmoins, les deux éléments à retenir de ce Hellfire restent probablement la théâtralité, l'art de raconter des histoires et la force brute du groupe. Alors que Welcome To Hell, monument rythmique qui fait la part belle au prodigieux batteur, embarque tout la grandiloquence et la profusion d'idées et d'inspirations un peu tarées du groupe, nous trouvons, a contrario, des instants dignes de Broadway et du music hall 2.0 (The Race Is About To Begin, The Defence).

Le style si déroutant de prime abord de black midi pouvait laisser craindre, après les deux premiers albums, à un essoufflement mais Hellfire vient confirmer la force du trio et sa capacité à se renouveler. Brisant toutes les barrières et faisant cohabiter flamenco, free jazz et indie rock, ils puisent encore dans leur inépuisable carcan pour nous proposer ce troisième album qui continue à la fois à imposer leur patte tout en se réinventant. Le départ de l'un de leurs membres, au lieu de laisser un vide et une faiblesse éventuels, leur a permis de s'essayer à de nouvelles expériences.

Hellfire vient ainsi clore le triptyque d'une façon épique.
tracklisting
    01. Hellfire
  • 02. Sugar/Tzu
  • 03. Eat Men Eat
  • 04. Welcome to Hell
  • 05. Still
  • 06. Half Time
  • 07. The Race is About to Begin
  • 08. Dangerous Liaisons
  • 09. The Defence
  • 10. 27 Questions
titres conseillés
    Welcome to Hell, Hellfire, Sugar/Tzu
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