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black midi

Cavalcade

black midi - Cavalcade
Chronique Album
Date de sortie : 28.05.2021
Label : Rough Trade Records
45
Rédigé par Amandine, le 26 mai 2021
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En 2019, black midi avaient frappé très fort avec Schlagenheim, un premier album explosif, imaginatif et étonnant. Difficile de parier sur ce que nous réservait la suite tant les débuts étaient déroutants et pour ce second long format, la pochette, collage entre surréalisme et futurisme, extrêmement colorée, ne fait que brouiller les minces pistes qui avaient pu se dessiner.

Les prémices de cet album datent de la période Schlagenheim, le groupe étant mu par le désir de façonner un nouvel album plus harmonieux, de créer une unicité. Néanmoins, l'approche est cette fois partiellement différente : « Il est facile de se plonger dans le mythe de l'improvisation de l'intervention divine, que si une chanson ne se produit pas naturellement dans la pièce sans qu'elle soit guidée par quelqu'un en particulier, alors que nous ressentons tous simplement l'ambiance, alors ce n'est pas approprié et ce n'est pas pur », dit Greep. « C'est un peu dangereux parce que vous finissez par ne jamais essayer quelque chose de différent, ou vous abandonnez simplement une idée si cela ne fonctionne pas au début parce que vous attendez toujours que cette chose arrive parfaitement ».

En gardant ces mots en tête, une partie de Cavalcade a été écrite par les membres du groupe, isolés chacun chez eux et amenés en répétitions, ce qui a permis d'apporter de la nouveauté dans le son. Sans pour autant totalement délaisser l'improvisation, une grande partie de l'album a donc été travaillée en amont, puis a été enregistré avec l'idée à la fois d'avoir un son impeccable et pénétrant mais aussi de garder ce petit quelque chose un brin lo-fi.
Initialement prévue comme un enregistrement d'essai dans les studios Hellfire au sud de Dublin, la session s'est transformée en enregistrement de l'album tant les membres du groupe s'y sont trouvés à l'aise et ont ressenti le son qu'ils souhaitaient donner à cette Cavalcade.
Amputé d'un membre (Matt Kelvin, leur chanteur/guitariste, a pris du recul pour s'occuper de sa santé mentale), ils se sont recentrés sur de nouvelles choses. Puisant dans leurs influences diverses, du free jazz au rock en passant par le hip-hop, ils ont ici tenté de les mixer pour créer une musique nouvelle, nourrie de leurs préférences.

Comme le commente Cameron Picton, « Lorsque vous écoutez, vous pouvez imaginer que tous les personnages forment une sorte de cavalcade. Chacun raconte son histoire une par une et à la fin de chaque piste, ils vous dépassent, remplacés par le suivant » ; et c'est bien l'impression que nous laisse cet album : une succession d'histoires.
Tout d'abord celle de John L, leader de secte déchu par ses anciens adeptes. Ce titre fort (notamment grâce au violon), ne suit aucun chemin, il se faufile, semble s'évaporer pour finalement mieux revenir. Les stop and go créent un rythme très particulier, on est chahuté. Cette litanie « In all the world there's no escape from this infernal din » avec la reverb', l'accélération, les changements de rythme, nous transportent jusqu'aux tréfonds d'un univers étrange et on imagine aisément la force de ce titre en live.

Il y a aussi Slow, interprétée par le bassiste Cameron Picton, qui nous raconte l'histoire d'un jeune révolutionnaire idéaliste rêvant d'un monde meilleur qui finit par être fusillé après un coup d'État (« Stood up, shot between the eyes consolation »). On reconnaît peut-être plus ici dans les guitares et les rythmiques le black midi de Schlagenheim.
Même si l'on s'aventure dans un post-rock atmosphérique (Diamond Stuff) ou dans un prog-rock façon 2021 où l'on retrouve les fondamentaux du style avec une touche de modernité (Hogwash and Balderdash), ce qui nous frappe sur cet album, c'est sa théâtralité et son sens de la narration : Marlene Dietrich et son entame théâtrale, un brin cabaret, où le chant prend toute sa place et se pose en instrument central pour un titre très différent de ce qu'on leur connaît, très calme, ou encore Ascending Forth qui, durant près de dix minutes, déroule sa douceur pour conclure cet album.

Bien évidemment, la surprise de la découverte est passée et l'impact est probablement moins important pour ce Cavalcade mais il n'en demeure pas moins que ce second album, finalement assez éloigné du premier dans sa composition, est consistant dans sa narration, fort en émotions, et il garde ce brin de folie qu'on avait tant aimé en 2019.
tracklisting
    1. John L
  • 2. Marlene Dietrich
  • 3. Chondromalcia Patella
  • 4. Slow
  • 5. Diamond Stuff
  • 6. Dethroned
  • 7. Hogwash and Balderdash
  • 8. Ascending Forth
titres conseillés
    John L, Chondromalcia Patella, Hogwash and Balderdash
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