Sheffield est moins reconnue que Manchester ou Leeds pour ses groupes de rock, mais l'ex-cité sidérurgique a tout de même vu naître Pulp et les Arctic Monkeys. Ces deux groupes n'ont pas grand chose en commun, si ce n'est d'avoir permis de garder la ville sur l'atlas britannique du rock. Il reste donc bien de la place sur la scène locale pour des groupes de tous horizons.
SHEAFS font un pont entre le passé et le présent. Les riffs de guitares font la jonction entre les perfectos de Black Rebel Motorcycle Club et ceux des Sisters Of Mercy. La construction guitares, basse, batterie est très simple, mais à cinq chacun contribue à donner du relief à leurs chansons. Sans être pompeuses, celles-ci ont quelque chose de théâtral. Pas étonnant qu'ils citent Cage The Elephant en référence, et que le chanteur arbore un t-shirt de Bauhaus sur une photo de presse. Encore une fois, ils font le pont entre le post-punk d'origine et des références récentes.
Le rock énergique et planant de SHEAFS a eu le temps de mûrir sur scène avant d'être fixé sur un premier album. Ces derniers ont déjà plusieurs tournées à leur actif, notamment en première partie de groupes de toutes les générations du post punk : des Buzzcocks à Squid, en passant par IDLES. La progression par rapport à leur premier EP sorti il y a deux ans est saisissante. L'ambiance est toujours électrique, mais le tempo s'est légèrement ralenti, canalisant l'énergie par une production et des mélodies plus touchantes.
Les chansons traitent de l'ennui, la frustration ou la paranoïa dans une ambiance grise et sans avenir. Ces thèmes et la rythmique métronomique donnent une ambiance dystopique à ce disque qui oscille entre mauvais trip psychédélique et ambiance martiale. Pas aussi pessimiste qu'il en a l'air, A Happy Medium est peut-être le juste équilibre entre un regard sombre sur le monde et l'énergie d'avancer.