Le titre de ce nouvel album de Wolf Alice pouvait laisser penser à un projet organique et dépouillé, mais c'est ici tout l'inverse : l'album est très produit. La clairière représente l'espace laissé autour de la voix d'Ellie Rowsell : les instruments se mettent en retrait, même quand ils en font des tonnes comme sur Bloom Baby Bloom, premier single dévoilé. L'explosion de sons et de couleurs, les changements de rythme, le kick de basse et les riffs de guitare rendront sûrement très bien dans un stade, mais nous ne sommes pas encore au niveau de Florence + The Machine.
Pour leur premier album sur une major, Wolf Alice sont partis enregistrer à Los Angeles avec Greg Kurstin (Adele, Taylor Swift, Gorillaz...). Même si les chansons ont été écrites au cœur de Londres, on s'imagine plus volontiers sur la côte Ouest, entre montagne et océan, jamais très loin d'un rooftop ensoleillé. Ce virage pop, que l'on qualifierait de variété en français, risque de choquer les fans.
Passé la surprise, et en faisant abstraction de l'héritage du groupe, une deuxième écoute permet de reconnaître très vite que le disque est très bien fait et que la production est ambitieuse. Portées par une guitare acoustique (Passenger Seat), un piano (Play It Out) ou des cordes (Thorns), les ballades pop se succèdent sans se ressembler, même si elles ont en commun d'être parfaitement polies, un brin rococo, et gentiment irritantes, comme une chanson de Fleetwood Mac.
Sur Bread Butter Tea Sugar, on retrouve l'équilibre entre la part d'Alice et la part du loup que l'on connaissait : la voix chuchote et, malgré les cordes, elle sonne plus sauvage. C'est la nuit que les loups hurlent, et Midnight Song est la synthèse parfaite entre le Wolf Alice des débuts, avec un chant bien barré, et la nouvelle version, enrichie de cordes, de guitare acoustique et d'une production soignée, comme si l'animal avait été complètement apprivoisé. Autre bonne surprise de l'album : l'excellent White Horses, avec une mélodie plus simple, un fond sonore délicieusement bruitiste et surtout la voix trop rare de Joel Amey (ndlr : batteur du groupe) sur les couplets.
Avec ce virage pop, Wolf Alice s'essaient à quelque chose de très classique, mais nouveau pour eux. Espérons qu'ils n'attendront pas quatre ans pour sortir la suite et nous éclairer sur la direction que prend vraiment le groupe.