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L.A. Salami

Ottoline

L.A. Salami - Ottoline
Chronique Album
Date de sortie : 14.10.2022
Label : Sunday Best
4
Rédigé par Franck Narquin, le 9 octobre 2022
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Lookman Adekunle Salami alias L.A. Salami, poète engagé et inventeur du « blues post-moderne », revient avec Ottoline, son quatrième album toujours signé sur l'excellent label Sunday Best aux côtés de la bedroom pop lo-fi de l'huluberlu JW Francis et du blues-rock expérimental du musicien, peintre et réalisateur américain, David Lynch. Celui qu'on a appelé à ses débuts le Bob Dylan londonien a su faire évoluer son folk classique n'hésitant pas à le mâtiner d'influences hip-hop. Aujourd'hui, le natif de Peckham, South London, réfute toute étiquette préférant définir son œuvre comme « de la musique centrée sur les paroles et non spécifique à un genre ».

Particulièrement sombres, les textes explorent les dérives post COVID-19 tant sur un plan personnel que sociétal. Fort heureusement, les compositions tantôts festives, tantôt introspectives apportent une légèreté et un aspect solaire salutaire. Le londonien cite d'ailleurs Kanye West, Drake et Kendrick Lamar comme principales sources d'inspiration lors de la création d'Ottoline. Si ces références ne sautent pas nécessairement aux yeux, elles témoignent de l'ouverture d'esprit du jeune homme tant les productions de ces poids lourds du rap US semblent à l'opposé de l'univers de L.A Salami. Ne pas se faire dicter de règles par l'industrie et imposer ses choix en faisant fi des styles musicaux attendus, voilà peut-être ce qu'ont en commun ces artistes.

Varié et ample avec ses quatorze-titre s'étalant sur près d'une heure, l'album nécessite plusieurs écoutes pour être pleinement appréhendé, et particulièrement si l'on prend la peine de s'attarder sur ses paroles subtiles et complexes. Malin, L.A Salami débute Ottoline par Desperate Times, Mediocre Measures, porte d'entrée accueillante, avec son trip-hop à la Gorillaz, ses couplets rap et son refrain pop. Enjoué dans la forme, désenchanté dans le fonds, ce titre d'ouverture donne le la d'un album qui tout en gardant ce cap, fera au fur et à mesure place à une mélancolie grandissante.

Les autres morceaux hip-hop s'avèrent d'ailleurs nettement plus sombres, du spoken word de The Full Form aux envolées de cordes et d'harmonica de Systemic Pandemic. Lorsque la guitare folk est de sortie, celle-ci s'accompagne souvent d'orchestrations jazzy faisant dévier avec délice les morceaux de leurs rails. This Is Hell débute comme une simple ballade guitare-sèche voix avant un surprenant final aux trompettes dissonantes pour un résultat des plus poignants. Sur Peace Is Fine, l'anglais explore ses inclinaisons pop tout comme sur Peace Of Mind dont les rythmes chaloupés et la voix nonchalante évoquent le grand Mac DeMarco.

L'album se clôture sur un trio de morceaux folk aux structures plus classiques (Lady Winter, As Before et In Honour Of The Street Lights) mais dont la beauté noire ne manquera pas de vous filer un sacré bourdon et qui fera office de compagnon idéal lors de vos soirées de rupture, périodes de chômage et dimanche de novembre.

A l'heure du single roi, L.A Salami parvient sur ces quatorze titres à explorer des genres extrêmement variés tout en conservant une réelle cohérence globale. Son écriture affutée, ses compositions inspirées et sa production subtile font d'Ottoline un album de grande classe, élégant et complexe, dont chaque écoute révèle de nouveaux charmes et qui ne semble pas prêt à quitter nos platines.
tracklisting
    1. Intro
  • 2. Desperate Times, Mediocre Measures
  • 3. Flying Printers (Skit)
  • 4. The Full Form
  • 5. Is This Hell? (Pt. 1)
  • 6. Systemic Pandemic
  • 7. Muse (Interlude)
  • 8. Peace is Fine
  • 9. Peace of Mind
  • 10. Minus His Woman (Redux)
  • 11. Lady Winter
  • 12. As Before
  • 13. Dear Ottoline (Skit)
  • 14. In Honour of the Street Lights
titres conseillés
    Desperate Times, Mediocre Measures - Is This Hell? (Pt. 1) - Systemic Pandemic - Peace Of Mind
notes des lecteurs