Nouvel OVNI en vue dans le ciel du rock indé british avec l'iconoclaste sous toutes les coutures NANCY. Comme sorti d'un chapeau en cet automne bien trop chaud (il n'y a plus de saisons, ma bonne dame), NANCY nous est présenté comme un mystérieux maître art-pop qui ne rentre dans aucune catégorie, si ce n'est celles de la mélodie psychédélique sans âge et de la moustache de compétition.
English Leather est le premier album de l'artiste et se présente comme un disque solide, très mélodieux, qui lorgne dans un registre pop aux arrangements soignés s'appuyant sur une instrumentation riche et une touche vintage savamment mise au goût du jour. Tout cela sonne terriblement sérieux me direz-vous... Et bien ajoutons à cela le fait que le chef d'orchestre est ici un personnage baroque et enflammé, qui de part son physique atypique et son pseudonyme fortement queer compatible, étonne, questionne mais surtout convainc car délivre des textes exprimant divers tourments psychologiques, dessinant une montagne russe d'émotions subies par beaucoup et souvent non prises en considération, pouvant ainsi mener aux extrêmes.
C'est donc un fond très sérieux qui se dessine sous une forme plus enthousiaste, et les références musicales sont vastes et particulièrement bien maitrisées. La folie fait passer d'une pop fleurie plutôt année 60 (Judy, I Caught Feelings) vers des rythmiques plus groovy et racées (Driftwood, Black Choral Bells), avec un petit clin d'œil au hard rock FM 80 des plus rugissants (I Hate Rock And Roll). Un peu de folk acoustique par-ci (Sweet Like Sugarcane), de beat disco dance par-là (English Leather), ça fourmille dans nos cerveaux et ce récit sans aucun fil conducteur tape instantanément dans le mille, dès la première écoute.
On ne peut s'empêcher de penser au joyeux bordel de la Fat White Family, à la patine délicieusement lubrique de Warmdusher, et à ce goût immodéré pour le vintage poussif mais addictif de The Darkness. Ajoutons évidement une ambiguïté latente autour de ce personnage au pseudonyme qui signifie plus qu'il n'y paraît, et la presse britannique s'enflamme pour ce « touche à tout », étiqueté DIY mais qui est loin d'être un débutant.
En creusant un peu nos sources, nous découvrons que NANCY a un vrai patronyme, Jamie Hall, chanteur et guitariste de Tigercub, trio noise-pop de Brighton, se lançant dans une échappée solo des plus intéressantes.
Pour oublier la nappe de morosité qui s'étale sur nous entre actualités mondiales, pénurie aux pompes à essence et passage à l'heure d'hiver, NANCY nous offre avec English Leather un disque anarchique et un peu WTF, qui décrasse les esgourdes et que l'on a réellement envie de découvrir en live, si les prestations sont à la hauteur de l'ingéniosité de l'album.
tracklisting
01. English Leather
02. Can't Get Rid Of You
03. Judy
04. Ruby
05. Moonlight
06. Driftwood
07. I Caught Feelings
08. I Hate Rock And Roll
09. Black Chroral Bells
10. Sweet Like Sugercane
titres conseillés
English Leather, I Hate Rock And Roll, Black Choral Bells