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Autobahn

Ecstasy Of Ruin

Autobahn - Ecstasy Of Ruin
Chronique Album
Date de sortie : 28.04.2023
Label : Tough Love Records
35
Rédigé par Bertrand Corbaton, le 18 avril 2023
L'histoire est un éternel recommencement disent certains. L'adage s'entend aussi pour ce qui est de la musique. Voilà ce qui est souvent avancé lorsqu'une tendance tend à réapparaître, ou que plusieurs groupes reprennent des fondamentaux d'un mouvement qui a marqué une époque. On pourrait débattre de cette idée, tant l'influence des médias peut-être importante dans la construction de ce type de schéma. Combien de fois a t-on entendu que tel ou tel groupe étaient les nouveaux Cure ou Depeche Mode ? Qui ne se souvient pas du revival gothique, revenant dont on nous parle régulièrement, ou du grossier montage pour nous rejouer un match entre les Rolling Stones et les Beatles lors de l'émergence de Blur et Oasis dans les années 90 ? Tout cela n'est pas très sérieux, mais nous sert pourtant de support dans nos références, et est aussi utile dans les rapprochements qui servent à construire notre culture musicale.

Allons-nous pour autant parler d'un renouveau post-punk de la première époque en écoutant le nouvel album d'Autobahn ? L'idée est tentante tant ces quatre gars de Leeds surfent sur des bases propres à une musique venue de Manchester quelque quarante ans plus tôt. Hasard ou pas, Ecstasy Of Ruin, troisième effort du groupe, sort en même temps que le Protagonists de IST IST. Ces deux albums sont frappants de similitudes, ne serait-ce que dans l'approche et les références auxquels ils s'accrochent. À tel point que les défauts que l'on pouvait trouver à Protagonists se retrouvent de façon assez implacable sur Ecstasy Of Ruin. Autobahn sont dans une niche dont ils ont bien dû mal à se sortir, et le sentiment de tourner en rond dans un style où il est difficile d'exprimer plus que ce qui a déjà été fait des décennies auparavant est prégnant. Peut-on pour autant parler d'un renouveau ?

S'ils se font écho de façon saisissante, IST IST et Autobahn ne sont pas des groupes jumeaux. Lorsque les premiers développent un post-punk plutôt organique, les seconds préfèrent des terrains moins neutres, où la densité de la basse ronde et lourde rencontre une rythmique très électronique, voire martiale comme sur ce Breather suffocant et intense, évoquant par instant The Well de Minimal Compact. Le chant de Craig Johnson est rageur, et les guitares sont tourbillonnantes tout du long. C'est réellement impressionnant.
Cette violence se retrouve aussi sur Fields Of Blood, même si ce titre ne parvient pas à atteindre les sommets que côtoie Breather. Cependant, la rage n'est pas ce qui caractérise Ecstasy Of Ruin dans son ensemble et, souvent, le groupe préfère le calme de plages froides, naviguant entre la matière humaine et l'assise électronique robotique. Malheureusement Autobahn en font parfois trop comme sur Acid Child où le groupe dépasse le raisonnable et se prend les pieds dans des stéréotypes bien trop gros pour qu'on ne s'en aperçoive pas. C'est un peu la même chose sur Vanity, qui ne paraît ne jamais vouloir décoller et fait tourner en rond l'auditeur comme un poisson dans son bocal.

Pourtant, la plupart du temps l'ensemble tient la route, et certains moments sont absolument remarquables, à l'image du glacial Post-History, morceau épique, accrocheur au possible, ou sur l'entêtant et électronique Tension, plus calme mais doté d'un potentiel de séduction dévastateur. Remarque similaire sur le titre éponyme, qui fera penser à certains à New Order période Crystal.
Sur Silver, Autobhan livrent un titre totalement angoissé et angoissant. Là également l'ensemble repose sur une structure très électronique, seulement animée par un larsen mouvant et d'une basse redondante, comme pour nous dire qu'un monstre organique vit sous cette armure froide. Tout s'agence convenablement et le groupe arrive tant bien que mal à tout maintenir en ordre, sans trop tomber dans les excès et poncifs dans lesquels pourraient vite l'entraîner un style musical vite stéréotypé.

Effectivement, Autobahn sont un peu à contre-courant, et le groupe s'inspire de confrères maintes fois copiés, parfois jusqu'au ridicule ou au grotesque. Pourtant, sans être totalement original car se reposant sur des principes maintes fois entendus, Ecstasy Of Ruin a réellement de bonnes choses à apporter, et séduira sans difficulté les nostalgiques d'un post-punk d'autrefois.
tracklisting
    01. POST-HISTORY
  • 02. SILVER
  • 03. ACID CHILD
  • 04. FIELDS OF BLOOD
  • 05. TENSION
  • 06. CYLINDER
  • 07. ECSTASY OF RUIN
  • 08. BREATHER
  • 09. VANITY
  • 10. CLASS WAR
titres conseillés
    POST-HISTORY, TENSION, BREATHER
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