Autobahn

Une ville comme Leeds marque les artistes avec une forte influence. Cette dernière est si prolifique que de Soft Cell à Kaiser Chiefs ou Alt-J, la scène locale compte bon nombre de groupes à l'esthétique hybride. La problématique The Moral Crossing est constituée d'éléments sonores du punk et d'atmosphères très cold-wave et devient alors quelque chose à décrypter avec fascination. Outre l'aspect The Cure, David Bowie pourrait être cité comme un modèle sur les morceaux plus lents, ou même The Sisters Of Mercy pour le son.

Les quarante-cinq minutes de musique sont richement diversifiées et surprenantes. La production générale plutôt refroidie par un son très brut réverbéré, les morceaux sont tout de même variés dans le cadre d'un album. Les premiers instants du disque sont Prologue/Obituary et clairement, l'attitude nerveuse du punk stagne. Puis vient la chanson Future qui change la donne du tout au tout. Nez à nez avec un beau gâteau d'anniversaire à la pop dreamy, le groupe remet les compteurs à zéro avec son single parfait des plus entraînants.

Inlassablement, la sensation d'obscurité sur The Moral Crossing renforce l'instabilité comme une pluie tombante. On s'agrippe à l'introduction magique des cordes sur Torment ; les titres ont cette persistance à s'allonger dans un labyrinthe brumeux. Plus enjoué et rock'n'roll, Low-High s'immisce dans le tracklisting comme un petit joyau hypnotisant. Et une fois que les chevaux se sont lâchés sur le contestataire Execution (Rise), toute la tension se relâche quand Fallen débride un peu ce démon cold-wave prédominant dans un crescendo sophistiqué. Vessel ferme les hostilités en une déflagration d'instruments : c'est un triste au revoir que l'on écoute, commandé par des paroles peu positives. Comme le veut le genre, non ?

Autobahn, sur ce disque auto-produit, gardent en tête toute leur mélancolie (and the infinite sadness...) en la transposant dans un monde aux dimensions singulières, un déluge de guitares comme objet de puissance et une voix réverbérée obsédante. Le groupe joue sur plusieurs fronts, et s'en tire plutôt bien.