Treeboy & Arc

Vous n'en pouvez déjà plus de cette chaleur et de cet été accablant ? Laissez donc la rédaction de Sound Of Violence en rajouter une couche afin d'accentuer cette torpeur dans laquelle vous baignez déjà avec le premier album de Treeboy & Arc, quintet post-punk de Leeds, intitulé Natural Habitat. Nous connaissons la recrudescence d'utilisation de ce qualificatif qui semble se voir coller à toute formation un tant soit peu énervée, dotée de guitares dissonantes et localisée outre-manche plus particulièrement. Etonnamment, nous validerons totalement cette définition car Treeboy & Arc, du fait de leur musique puissante, toute en noirceur mais salutaire, remplit le cahier des charges à merveille.

Point de redite ici, malgré quelques codes aujourd'hui fortement identifiables, le groupe sort son épingle du jeu en passant haut la main l'épreuve de la première écoute : en effet, cette dernière appelle immédiatement à plus car on se sent automatiquement happés par cette atmosphère qui monte crescendo, basée sur d'excellents riffs de guitares qui oscillent entre la fureur et le ténébreux. Avec une rythmique éreintante, une ligne de basse lourde et envoûtante, le spoken word s'impose alors et il en résulte une atmosphère étourdissante, qui nous fait presque frôler l'asphyxie.


Déjà dotés d'un premier EP Life Préserver sorti en 2022, les cinq jeunes membres du groupe que sont Isaac Turner à la batterie, James Kay à la basse, George Townsend et Ben Morgan aux guitares, et enfin Sammy Robinson aux claviers offrent une nouvelle pierre à l'édifice qu'est le mouvement post-punk des années 2020. On aime à retrouver dans les titres cette profondeur qu'offre l'alliance de la basse pénétrante et des boucles de synthé qui donnent comme un air d'apocalypse aux morceaux. Lancés dans l'arène par la fabrique de génie qu'est Speedy Wunderground avec leurs premiers singles, c'est chez le label de Leeds Clue Record que sort aujourd'hui ce premier disque perpétuant un peu la tradition de ce rock colérique « made in the North ».


Midnight Mass, Retirement et Virtual Reality Check débordent d'énergie et de frustration, Human Catastrophe, Behind The Curtain et le final crépusculaire Winter Of Existence forgent une identité foncièrement bileuse à cet album, et on sent que malgré la jeunesse, tout cela est extrêmement prix au sérieux. La dextérité des musiciens et cette fougue mise à l'œuvre nous font rentrer dans Natural Habitat comme dans un mur : c'est brutal mais à la différence d'un vulgaire accident de la circulation, cela a du sens.

Treeboy & Arc : voilà encore un nom à rajouter à notre liste des espoirs à surveiller de très près, et parce que vous n'en pouvez plus de passer de votre ventilateur à votre brumisateur, sachez qu'au moment où ces mots sont écrits, on ne dépasse pas à Leeds les 18 degrés. De quoi rendre crépusculaire n'importe quelle musique.