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Flamingods

Head Of Pomegranate

Flamingods - Head Of Pomegranate
Chronique Album
Date de sortie : 13.10.2023
Label : The Liquid Label
4
Rédigé par Fabrice Droual, le 9 octobre 2023
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La première fois que j'ai écouté un morceau des Flamingods, je me rappelle avoir voyagé immédiatement. Direction l'Inde dans mon imaginaire, entre Rishikesh, capitale du yoga, point de départ des randonnées vers l'Himalaya, et l'emblématique mausolée du Tāj Mahal, à Agra. Mon GPS musical s'est juste trompé de trois-mille kilomètres, puisqu'il fallait viser le golfe Persique, plus exactement vers Bahreïn et ses iles ! Et encore, je ne parle que du royaume où les quatre membres de ce groupe ont passé leur jeunesse. Originaire donc de Bahreïn, Malte, d'Irlande et de Grèce, le très cosmopolite groupe, basé à Londres, puise son inspiration dans différentes traditions musicales et culturelles. Pas étonnant alors que leur musique est souvent décrite comme un voyage sonore qui combine des éléments traditionnels et contemporains pour créer un son exotique et captivant.

La police de caractères de Flamingods sur la pochette de leur nouvel album se dessine, dans une volute de fumée de cigarette, en style psychédélique façon Scooby-Doo le chien détective. C'est donc sous les trais des personnages du dessin animé Vera, Fred, Daphné et Sammy, que j'imagine les quatre membres des Flamingods partir en tournée dans leur van, le « Mystery Machine ». Facile pour Scooby-Doo de résoudre l'énigme, pas de fantômes à l'horizon ni de mystères chez ce groupe démasqué et composé de Kamal Rasool, Charles Prest, Sam Rowe et Karthik Poduval. Le Dog détective m'expliquera tout de même que le titre de leur nouvel album, Head Of Pomegranate, vient de la traduction arabe de Ras Rumman رأس الرمان, le nom du village bahreïnien où a grandi le défunt père du leader Kamal Rasool. Un endroit où l'on cultivait autrefois des grenades (le fruit). Kamal a perdu son père à cause du COVID-19, pendant le processus d'écriture, ce qui a eu un impact notable sur l'album. Les hommages sont distillés tout au long du disque qui aborde les thèmes du deuil, de la spiritualité, de la culture ou de l'identité.

Mais ne vous trompez pas, la musique que vous allez entendre est fraîche, joyeuse et terriblement dansante. C'est dans la douce ville d'Atlanta, en Géorgie que le groupe a passé un mois en studio avec le producteur Ben H. Allen (Animal Collective, M.I.A). Bien qu'ils aient encore à peine trente ans individuellement, les Flamingods jouent de la musique ensemble depuis l'âge de seize ans. Un lien fraternel qui sous-tend leur niveau de musicalité quasi télépathique et qui leur vaut leur réputation d'acteurs singuliers de la scène britannique. Mélanger le psychédélisme, la new wave, l'électro et le punk, souvent dans la même chanson, est une spécialité du groupe. Leur musique reste aussi influencée par la culture de leur pays d'origine et leur amour du rock and roll britannique des années 70.
« Nous sommes un groupe de garçons métis qui font de la musique rock alternative, ce qui est assez rare dans notre scène » commente Karthik Poduval. Les musiciens de Flamingods pratiquent un singulier mélange des genres avec leurs instruments venus des quatre coins du monde et ce quatrième opus sortant ce 13 octobre sur The Leaf Label continue à attirer l'attention pour son innovation et sa créativité. Scooby-Doo, en bon détective a tout de même enquêté et trouve que l'entame du disque sur le titre Dreams (On The Strip) a un faux air de I Feel Love de la chanteuse américaine Donna Summer. Samy ! J'ai cru voir un danseur de 1977 ! .


Sur l'autoroute musicale, le van coloré Mystery Machine accélère. Adana, le morceau suivant, paraît déjà plus moderne, les lignes de synthétiseurs sur un tempo rapide plaquent Scooby sur son siège. Pas le temps de manger des Scooby Snacks que le morceau The Dip et ces riffs de guitare psyché déstabilisent Samy en quête d'identification d'un genre musical. Dirty Money qui suit est sous influences multiples : celle de Bruce Haack ‎ l'auteur de l'album The Electric Lucifer, se réjouit Scooby en manque de fantôme, plutôt Kendrick Lamar ou Gonjasufi remarque la sérieuse Daphné. « C'est essentiellement une chanson anti-guerre filtrée à travers un monde d'électro loufoque, de fuzz et une bonne dose de psychédélisme » nous explique le groupe sur sa biographie.
Ce dernier album du quatuor est à la fois personnel et politique. Gutterball, le cinquième titre, est une frénésie de guitares floues et de synthés déformés qui explore la frustration bien trop familière du mécontentement politique.À propos de ce morceau, Kamal Rasool explique qu'il est né simplement de la volonté de créer un morceau punk-new wave inspiré du Moyen-Orient qui tuerait lorsqu'il searit joué en live. « Je voulais jouer avec des thèmes politiques satiriques pour la chanson, en m'inspirant des manifestations et de la révolution. Le mantra de la chanson est "crachez-le", si quelque chose est pourri, vous ne l'avalez pas ! ».


La vitesse de croisière est désormais atteinte, le van transporte ses auditeurs dans une succession de titres intéressants et variés. Born Lucky et sa riche instrumentation, Volta Rockets et sa boîte à rythmes au parfum vintage 80. Rapidement dépassé par le futur hit Tall Glass capable de faire se lever Scooby sur ses deux pattes arrière et se déhancher sur la piste du dancefloor. Avec des guitares funk, des synthés bancals et une section rythmique contagieuse, les Flamingods embrassent leur côté funk-pop tout en restant fidèles à leur identité à la fois distinctive et multiple. « Musicalement, nous avons été inspirés par mes racines afro, par des musiciens des années 70 et 80 comme William Onyeabor, Steve Monite et Letta Mbulu qui sortaient des bangers afro-synth et fusionnaient l'électro avec le funk, le disco et la pop » explique Charles Prest.

Perfumed Garden est un morceau plus calme et spatial qui conviendrait parfaitement au gaffeur Samy dans la lune pour plus de sept minutes. Le Blond Fred lui préfèrera Easter Cowboys et son parfum californien à la sauce Bollywood. Enfin, le morceau final Head Of Pomegranate clôture en une minutes et trente-huit secondes cet album qui, au contraire d'être une machine mystérieuse, s'impose comme une œuvre cosmopolite à forte énergie euphorisante. Oh Samy! J'ai écouté un bon disque, scoubidoubidou ! Une vraie grenade qu'il ne faut pas tarder à dégoupiller !
tracklisting
    01. Dreams (On A Strip)
  • 02. Adana
  • 03. The Dip
  • 04. Dirty Money
  • 05. Gutterball
  • 06. Born Lucky
  • 07. Volta Rocket
  • 08. Tall Glass
  • 09. Perfumed Garden
  • 10. Eastern Cowboys
  • 11. Head of Pomegranate
titres conseillés
    Tall Glass - Gutterball - Dreams (On The Strip)
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