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THE GOA EXPRESS

THE GOA EXPRESS

THE GOA EXPRESS - THE GOA EXPRESS
Chronique Album
Date de sortie : 01.12.2023
Label : Communion Records
35
Rédigé par Franck Narquin, le 27 novembre 2023
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Avec seulement quatre points au compteur après huit journées de championnat, le maintien en Premier League est loin d'être assuré pour le Burnley Football Club et bien que située à moins de trois-quarts d'heure de route de Manchester, le paysage musical de cette petite ville du nord de l'Angleterre peine à compenser son faible niveau footballistique. Le meilleur joueur du club se nomme pourtant Aaron Ramsey, mais celui-ci n'est qu'un simple homonyme du capitaine du Pays de Galles et le seul groupe local à avoir un tant soit peu percé sont les one hit wonder de Chumbawamba (« I get knocked down, but I get up again. You are never gonna keep me down »). En deux mots, Burnley n'a jamais été rien d'un autre qu'un simple Manchester de wish.

On peut donc sans prendre trop de risque annoncer que THE GOA EXPRESS est d'ores et déjà le meilleur groupe de rock de l'histoire de Burnley. Pour les avoir vus en novembre dernier sur les planches du Supersonic à l'occasion des soirées Avant-Garde du Pitchfork Music Festival, on sait que ce combo a de toutes autres ambitions et est prêt à s'engager sans aucun complexe d'infériorité dans la bataille du revival 90's. Bien que la liste des jeunes groupes prometteurs du nord de l'Angleterre soit aussi longue que celles des plaintes pour abus sexuels de PPDA, ce n'est pas le punk bas du front de goo ou la pop mollassonne de Chappaqua Wrestling qui risquent de leur faire de l'ombre. Car si le groupe ne sait pas encore écrire des chansons inoubliables, il les joue comme si sa vie en dépendait.

On nous arrête souvent dans la rue pour nous demander « au fait, c'est quoi le style de musique de ces petits jeunes de THE GOA EXPRESS dont on parle tant ? ». Bien qu'on ait mille autres choses à faire que de répondre à ce genre de questions, on prend à chaque fois le temps car on sait bien que sans toi, fidèle lecteur, toujours avide d'informations exclusives te permettant de briller en société et de coucher avec des filles beaucoup trop belles pour toi (et/ou des garçons trop musclés, voire des trans trop stylé.es), on ne serait rien. « Rien comme la presse musicale papier ? ». Oh là cher lecteur, pas de sujet polémique car Franck Vergeade, le rédacteur en chef qui a réussi l'exploit d'être à la fois le fossoyeur de Magic et celui des Inrocks, me doit encore de l'argent. On attendra gentiment qu'un journaliste du NME ne trouve un terme catchy pour définir ce genre, car il faut rappeler qu'avant « Grunge » on qualifiait la musique de Nirvana de « hardcore fourre-tout » (Rock & Folk de septembre 1991, je ne sais pas comment je me souviens encore de ça alors que je n'arrive même pas à mémoriser mon numéro de sécurité sociale). Pour ne pas vous décevoir, on répond souvent que c'est un habile mélange de garage, de rock psyché et de baggy. Liam Gallagher aurait lui une réponse beaucoup plus directe : « This is fucking rock and roll man if you know what I mean ».

En revanche on nous interpelle rarement pour savoir qui sont les membres de THE GOA EXPRESS. Mais toi je sais que tu n'es pas comme les autres, déjà tu es encore là, c'est sympa et tu m'as l'air plus curieux que tes copains qui à cette heure préfèrent taper les mots « Emily Ratajkowski nue » ou « Ousmane Dembélé, droitier, gaucher ou invertébré ? » dans leur barre de recherche. Tel un Wikipedia qui ne ferait même pas appel aux dons, je t'annonce qu'ils se nomment James Douglas Clarke (Guitare + Voix), Joe Clarke (Claviers), Joey Stein (Guitare), Naham Muzaffar (Basse) et Sam Launder (Batterie). Tu t'en fiches ? Pourtant demande à Luis Enrique, la composition c'est clé.
Tu veux qu'on accélère un peu car tu dois bientôt partir rejoindre ton date Tinder ? C'est bien noté, mais sache que dans les meilleurs des cas tu seras rentré à vingt-deux heures ce qui te permettra largement de regarder en VOD l'excellent film Chien de la Casse avec l'inévitable et inimitable Raphaël « Yannick » Quenard. Dans le pire des cas, tu descendras dans dix ans les marches du palais de justice de l'Ile de la Cité délesté de près de cent mille euros (ndlr : nous vous rappelons qu'à ce jour aucun juge n'a pu prouver que notre chroniqueur étant membre des Incel).

Tu as annulé ? Parfait, on allait tout juste commencer à parler du disque. Le debut-album éponyme de THE GOA EXPRESS est composé de dix titres de rock and roll sous haute influence 90's joués à toute berzingue. « J'ai annulé pour ça ? ». Certes c'était bref mais terriblement factuel et ça te laisse en plus le temps d'aller au cinéma pour voir la reprise du tout premier film de Justine Triet, La Bataille de Solferino, entre fiction et documentaire, tourné à l'arrache il y a dix ans par une bande de potes dont sortiront quelques-uns des cinéastes les plus excitants de l'hexagone.
L'album a beau être sacrément emballant, on reste encore loin de la plume affutée de Jarvis Cocker ou du sens de la composition du père Noel mais les chansons proposées ici sont d'une toute autre teneur que ce à quoi nous avait habitué le groupe de Burnley. L'énergie contagieuse et la qualité d'interprétation de THE GOA EXPRESS qui, dès leurs débuts, les distinguaient de la plèbe indie-rock, étant toujours au rendez-vous, ce premier album de rock enflammé et sans chichi figurera parmi les belles réussites du genre de l'année à défaut de venir chambouler notre top ten des meilleurs disques. L'intensité de Honey, le refrain gallagherien de Good Luck Charm, la pop racée de Talking About Stuff et la furie de la bombinette Portrait devraient à eux seuls permettre d'inscrire définitivement la bonne ville de Burnley sur la carte du rock anglais.

On vous le concède volontiers, ce n'est pas ici que s'invente la musique du futur, mais bien que THE GOA EXPRESS n'empruntent que des sentiers archis rebattus, ils les abordent avec une telle fougue et tel un panache digne des explorateurs du nouveau monde qu'on en arrive vite à oublier leurs nombreuses références aussi évidentes que scolaires pour se laisser porter par la vitalité débordante de ce bouillonnant quintet. Ces dix titres abrasifs nous replongent avec bonheur en pleines années 90, époque bénie pour la presse musicale qui savait encore que « trop de couleurs distrait le spectateur » et n'avait alors pas besoin du soutien financier de quelques milliardaires et banquiers, soutiens si ce n'est architectes de la Macronie toute puissante.

Comme quoi cher lecteur, ta mère avait raison, les années 90 c'était mieux !
tracklisting
    01. Honey
  • 02. It's Never Been Better
  • 03. Good Luck Charm
  • 04. You're the Girl
  • 05. Small Talk
  • 06. Can't Stay Quiet
  • 07. Better Than OK
  • 08. Talking About Stuff
  • 09. Portrait
  • 10. Prove It
titres conseillés
    Good Luck Charm - Talking About Stuff - Portrait
notes des lecteurs