Jour 1 : A vos gardes !
Faut-il encore présenter les soirées Avant-Garde du Pitchfork Music Festival, passées en une petite poignée d'années de sympathique apéritif à véritable plat de résistance de l'événement musical ? Que dire à part que ce sont peut-être les trois pires jours de l'année pour les amateurs de musique atteints du syndrome du FOMO (ndlr : Fear Of Missing Out). Car quoique vous fassiez, vous êtes assurés de louper le concert qu'il ne fallait absolument pas rater. Chaque soir, 18 groupes, 6 salles, 4 heures, 2 jambes, 1 constat : il va falloir des choix. Jour 1, on a encore un peu de cardio et beaucoup d’appétit, soyons ambitieux ! Au menu, pas moins de 7 artistes, shoegaze américain, électro-pop irlandaise, post-punk gallois, rap anglais et de l’indie rock de Londres et Seattle. Vous êtes prêts ? Alors suivez-nous dans nos déambulations à travers Bastille, pour un exhalant
walk of fame, à la recherche de la nouvelle star.
Full Body 2
Jeudi, 19h30. Si les terrasses des bars de la Bastille affichent complet grâce à un redoux aussi agréable qu’inquiétant, le Badaboum sonne légèrement vide à quelques minutes du set des Pennsylvaniens de Full Body 2, chargés d’ouvrir la soirée avec leur shoegaze électronique ultrapuissant, comme si My Bloody Valentine avaient été propulsés dans un club berlinois en pleine surchauffe. Qu’à cela ne tienne, la scène et la salle se trouvent vite submergés par une épaisse fumée, parfaitement adaptée à leur musique, au point qu’on ne sait plus si nous sommes 8 ou 800. Sacrément intense, presque trop pour une ouverture, leur set impressionne et réveille même quelques acouphènes. Convaincus, nous devons néanmoins écourter notre présence car quelques minutes plus tard nous avons déjà rendez-vous à la Mécanique Ondulatoire.
Verdict : My Cloudy Valentine
Annie-Dog
Cinquante mètres à peine séparent les deux salles, mais il y a un monde entre Full Body 2 et Annie-Dog. Seule sur scène mais armée d’une guitare, d’un ordinateur et de deux ou trois machines type Roland, la jeune irlandaise, qui tient son nom d’une chanson de Smashing Pumpkins, vient présenter sa musique bricolée et DIY flirtant entre bedroom pop, indietronica et drum’n’bass. Habitée mais parfois hésitante, sa prestation laisse entrevoir une artiste à l’univers personnel et prometteur.
Verdict : Formidable Citrouille
slate
Petits chouchous de la rédaction (leur premier essai figure dans notre Top EP 2024), slate sont venus confirmer sur la scène du Supersonic tout le bien qu’on pensait d’eux. Il faut dire qu’avec leurs gueules d’anges, le charisme magnétique de leur leader Jack Shepard et leur post-punk ténébreux, les quatre jeunes gallois ont de sacrés atouts en poche. Il ne leur reste plus qu’à peaufiner leurs compositions, comme sur leur meilleur titre
St Agatha, et se débarrasser de leurs nombreuses influences pour exploser à coup sûr.
Mais quand on vient de Cardiff, la ville de Super Furry Animals et Ryan Giggs, on sait naturellement se sortir de la mêlée.
Verdict : Cardiff Rock City
shortstraw.
Vue en première partie de Soft Play et The Libertines, influencée autant par The Streets que par Amyl And The Sniffers, shortstraw. livre à la Mécanique Ondulatoire le concert le plus exaltant et furieux de la soirée. La punk-rappeuse haute comme trois pommes mais à l’énergie contagieuse, accompagnée par un batteur également chargé de lancer les productions sur son Mac, enchaîne les titres à haute énergie et ne met pas longtemps à se mettre le public dans la poche. Un futur phénomène, à suivre de très près. Notre coup de cœur !
Verdict : Original Pirate Material
Babymorocco
Clayton Pettet aka Babymorocco, l’autoproclamé « homme le plus cool de la scène musicale britannique actuelle » débarque dans un Badaboum chaud comme la braise où les fans s’agglutinent au premier rang pour dévorer des yeux (et plus si affinité) les gros biscottos du monsieur. Il faut dire que depuis quelques années l’anglo-marocain s’est taillé une sacrée réputation scénique avec ses show survoltés et diablement sexy entre performance artistique et rave électro-pop. Enchaînant les pauses lassives et micro-tubes (
Jean Paul,
Body Organic Disco Electronic), entre hyperpop, électroclash et EDM, Babymorocco assure le show avec une aisance et une bonne humeur imparable. Notre coup de show !
Verdict : Sexy and I know it !
Saint Clair
Babymorocco nous aura retenus plus longtemps que prévu au Badaboum, mais on file à la Mécanique Ondulatoire pour les deux derniers titres de Saint Clair. Annoncé comme la nouvelle sensation londonienne, le quatuor mêle shoegaze et rock alternatif sous influence Radiohead et October Drift. Un peu court pour se faire un avis, mais suffisamment nerveux pour donner envie d’y revenir.
Verdict : Amicalement Vôtre
Deep Sea Diver
22h30 et déjà six concerts à notre actif. On commence à se demander si on n’a pas été un poil trop gourmands. On continue néanmoins notre parcours en apnée pour plonger dans le grand bain du Supersonic et assister au set du groupe de Seattle, Deep Sea Diver, mené par la chanteuse et multi-instrumentiste Jessica Dobson. Formé depuis près de quinze ans et auteur de quatre albums, dont le dernier signé sur le mythique label Sub Pop, Deep Sea Diver ont le droit à un set complet d’une heure. Après le dessert ultra-sucré de Babymorocco, on a du mal à apprécier à sa juste valeur leur alt-rock bien carré et ultra-rodé. Solide, mais sans frisson, disons qu’on préfère d’autres groupes du catalogue du label.
Verdict : Sub Pop 2025
On termine cette première soirée rincés mais heureux, entre confirmations et découvertes. Comme d’habitude, on se dit que notre programme a été trop ambitieux, mais que faire face à une telle programmation ? On se promet que pour la prochaine soirée, on apprendra de notre expérience... pour refaire exactement les mêmes erreurs !