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Gia Ford

Transparent Things

Gia Ford - Transparent Things
Chronique Album
Date de sortie : 13.09.2024
Label : Chrysalis Records
35
Rédigé par Adonis Didier, le 11 septembre 2024
Un motel californien aux illuminations crépitantes. Une boîte de nuit londonienne bardée de néons violets sur le plafond et les murs. Un piercing au nez. Des cheveux teints, gominés et plaqués en arrière. Une veste et une chemise trop large, assorties d'une cravate trop grande. Sheffield, Hope Valley, la campagne anglaise. La vie entre deux parents divorcés. Une veste en jean et un pattes d'eph'. Des boucles blondes hâtivement regroupées en queue de cheval. D'un côté Gia Ford, de l'autre Molly McCormick, les deux faces d'une pièce, deux opposés presque irréconciliables d'une même jeune femme, venus à cohabiter le temps d'un album réunissant dark pop électronique et compositions folk, lune brillant dans la nuit de Los Angeles et soleil voilé par les nuages du Cheshire.

Car il y a de tout chez Gia Ford, de la prêtresse nocturne du trip-hop à la jeune fille jouant dans l'église avant la Messe. Un spectre musical où le Dr Jekyll et Mr Hyde se confondent dans une envoûtante transe de quarante-deux minutes imbriquant guitares et pianos dans des ambiances synthétiques tout à tour trippantes sur les magnifiques Poolside et Paint Me Like A Woman, disco avec Try Changing, funky sur Loveshot, dansantes dans la puissance Housewife Dreams Of America. Une chanson mêlant à la perfection un refrain très épuré, blanc et lumineux comme un voile de mariée, à des couplets dégoulinant de stupre et de billets jetés à des strip-teaseuses sur Sunset Boulevard. Une ligne pure de clavier écrasée par les énormes basses du club, la voix grave et langoureuse de Gia Ford menant jusqu'à l'église et un prêtre déguisé en Elvis, où reviennent sur l'autel les touches de piano et de grands balayages d'accords, accompagnés de la voix d'ange de Molly McCormick.

L'autel et l'orgue du dimanche matin, entraînés de force sur la piste de danse par la basse lascive et les guitares mordantes de Buzzing On You, avant d'évoquer les plus classiques mais non moins belles Falling In Love Again et Don't Drown Me Out. Une première menée avec force au piano comme Lana Del Rey dans le Derbyshire, une seconde faisant décoller un sublime refrain par une poussée de volonté et d'affirmation personnelle à l'encontre de personnages toxiques de tous bords : « Ça me fait mal de t'entendre dire ce que je ne peux pas faire, […] mais tu ne pourras pas me noyer ».

Gia Ford peut tout faire, et mérite, même coincée dans la piscine des sorties de septembre, de se faire entendre et de faire entendre Transparent Things, un premier album inégal et imparfait, mais cohérent de bout en bout dans son esthétique et ses évocations cinématographiques, rempli de petites perles de dark pop et de morceaux plus intimistes, développant les bases d'un talent que l'on espère voir grandir et s'affirmer dans les années à venir. Comme un premier date entre Adele et Portishead, dont l'issue est aussi incertaine que les promesses sont grandes.
tracklisting
    01. Poolside
  • 02. Loveshot
  • 03. Alligator
  • 04. Buzzing On You
  • 05. Falling In Love Again
  • 06. Paint Me Like A Woman
  • 07. Try Changing
  • 08. Housewife Dreams Of America
  • 09. Don't Drown Me Out
  • 10. The Porcupine
  • 11. Our Mutual Friend
titres conseillés
    Housewife Dreams Of America, Paint Me Like A Woman, Don't Drown Me Out
notes des lecteurs