Pastel

Penchons-nous aujourd'hui sur la question des cycles dans la musique. On le sait tous, et nombre d'entre nous commence à cumuler quelques kilomètres au compteur pour le confirmer, la musique est un éternel recommencement, un peu comme les modes vestimentaires et les mauvais films français. On retrouve ainsi un revival de ce qui a été au top il y a de cela vingt ou trente ans, les mômes d'antan s'étant nourris des disques de leurs parents et se retrouvant maintenant sous les feux de la rampe. Notre cas d'étude aujourd'hui est Pastel, groupe britannico-irlandais formé des cousins mancuniens Jack Yates au chant et James Yates à la guitare rythmique, de l'irlandais Aaron Tormey à la guitare et de deux gallois à la basse et à la batterie que sont Liam Oshea et Rhys Wheeler. Un groupe aux couleurs de celles que défend votre média rock préféré, et des influences qui vous sautent aux oreilles dès les premières secondes d'écoute.


Pastel, à ne pas confondre avec The Pastels, groupe mythique d'indie rock de Glasgow, débutent 2025 avec la sortie de leur debut album Souls In Motion, et autant vous dire immédiatement que ce dernier ne peut que faire mouche dans vos casques. Pourquoi donc ? Tout simplement parce que cette formation nous propose un retour vers ce qui a été le phare incandescent de la fabuleuse période Britpop, soit la domination sans précédent de l'indie pop racée et tellement charismatique d'Oasis. Il n'y a pas à tergiverser ici, Pastel, et en particulier les cousins Yates, héritiers de ces glorieuses années, reprennent fidèlement les codes de ce qui a fait le succès des Gallagher, soit une série de compositions taillées dans un rock très fuselé, avec tout ce que cela comporte d'envolées de guitares généreuses et subtiles et de mélodies addictives dès les premiers instants. Par répercussion, l'esprit power pop des 60s pointe le bout de son nez, et ce qui nous épate est la même verve dans le chant de Jack Yates, au timbre juste et à l'intonation de branleur (un adjectif qualificatif en face duquel on retrouve justement la photo d'un certain Liam dans tous les bons dictionnaires) qui donne un très fort cachet au tout.


C'est une balade nostalgique que nous entamons tout au long de ce disque, mais pas seulement. Bien qu'il soit très aisé le temps de quelques instants de se revoir adolescents à l'écoute des premiers disques des mancuniens, l'incroyable Leave A Light On (A Velvet Dream) en étant le meilleur exemple, on retrouve chez Pastel la fougue de la jeune scène britannique actuelle, et on les remercie de remettre sur le devant de la scène une tradition pop rock que nos cousins d'outre-Manche ont toujours maîtrisé à la perfection. Cependant, bien que régalés par ce haut niveau d'exécution, il est difficile de sortir du lot quelques singles plus évocateurs que d'autres, nous pencherons ainsi peut-être pour les titres plus doux comme Sunnyside et Escape, ballades pop d'une grande beauté.

Fiers de leurs influences et les portant en étendards, Pastel nous offrent avec Souls in Motion tant un voyage vers ce qui a été le meilleur de la scène mancunienne des années 90 que la mise en avant du très haut niveau des héritiers de cette glorieuse génération. Un groupe qui méritera cependant à affiner sa propre identité dans les années à venir, et dont on attend les prestations live avec impatience.