logo SOV

Eades

Final Sirens Call

Eades - Final Sirens Call
Chronique Album
Date de sortie : 18.09.2025
Label : Breakfast Records
3
Rédigé par Albert Marrouat, le 18 septembre 2025
Voici donc Eades de retour trois ans après le prometteur Delusion Spree, premier album aux influences new-yorkaises, germe joyeusement sorti des terres du Yorkshire qui semblait annoncer l'arrivée d'une jolie fleur post-punk.

En trois petites années, Eades ont parcouru du chemin, et, premier fait notable, ont perdu leur pianiste et choriste, Lily Fontaine, partie donner une formidable leçon au rock anglais (et empocher le Mercury Prize au passage) avec English Teacher. Leeds, longtemps perdue dans l'ombre de ses immenses voisines Londres, Manchester ou Sheffield, s'est finalement affirmée comme la véritable capitale du post-punk, grâce à l'éclosion des gigantesques Yard Act, Mush, Drahla et English Teacher, donc. Au cœur de l'effervescence, Eades sortaient alors, il y a un peu plus d'un an, une poignée de singles franchement enthousiasmants. On y avait découvert l'excellent Liquid Gold, hymne rock'n'roll grisant, aux guitares acérées et au refrain jouissif. Un avenir radieux se dessinait pour le jeune quintet, qui taillait déjà ses refrains pour les stades (Fade Away, Constantly...). On leur avait alors attribué une place de choix dans la galaxie musicale du nord de l'Angleterre : celle du groupe à guitares, peut-être un peu moins aventureux que ses voisins, mais dont on chantonne les refrains, partout, comme continuellement accompagné, le regard rêveusement plongé dans le ciel gris et savonneux de la campagne britannique.

En découvrant les onze titres qui figurent sur Final Sirens Call, surprise : aucun de ces morceaux, sortis il y a un an, n'y figure. Soyons honnête, on regrette ce choix. Pourtant, Eades, on le sent, sont pétris de talent. En témoigne ce single introductif impeccable, The Other Side Of Life, son Wurlitzer, ses fines guitares, ses chœurs, tous, ciselés, bien sentis, servant une chanson dont le refrain est encore une fois un hymne. Backwards réussit également son pari. Magnifiée par un surprenant riff de basse sur le pont, et par un chant doux et très mélodique qui tranche avec son âpreté habituelle, c'est un morceau émouvant. Final Sirens Call est une jolie chanson dont le couplet rappelle les ballades d'Oasis chantées par Noel Gallagher. Détail fâcheux, un solo de saxophone baveux et peu à propos vient enrouler la chanson dans une outro sans fin, pas vraiment nécessaire. Did You Read The News, un peu molle au premier abord, se révèle être une des meilleures chansons de l'album, portée par de glorieuses guitares et un refrain finalement addictif.

Malheureusement, on a déjà à peu près tout dit. En effet, une fois ce bon quatuor introductif passé, Eades nous livrent une sélection de chansons plus ou moins interchangeables, dont le tempo n'oscille que très peu, et les mélodies peinent à convaincre. Final Sirens Call se perd dans des eaux blanches, écumeuses, dont les flots grouillent de refrains sages et prévisibles, de riffs trop gentiment bluesy, de cuivres timides, et d'une voix lancinante, presque désabusée, déjà, face à la marée qui monte. On aimerait que le jeu de batterie de Dan Clifford-Smith respire davantage, que les suites d'accords se diversifient, et qu'Eades prennent des choix artistiques plus francs, en épurant leurs compositions afin de les singulariser. Final Sirens Call n'est pas un mauvais album, mais il est un peu trop plat : ses chansons manquent de caractère. Les jeunes anglais ont pourtant, comme entendu précédemment, un vrai talent pour composer de bons morceaux, talent que l'on retrouve, pour une ultime bouffée d'oxygène, sur l'hypnotique Madness, Pride And Poetry, entre Feet et Van Houten.

Au final, au sortir de cet album, on ressent un peu de lassitude, sans être vraiment agacé. Final Sirens Call manque de charme, d'une petite étincelle venant illuminer ses compositions. Dans le même style, on pense, comme cité plus haut, à Feet, dont le dernier album séduisait par la simplicité évidente de ses chansons. On attend d'un groupe capable de composer les superbes Liquid Gold, Coltrane ou Fade Away, davantage de nuances et de variété. Avec Final Sirens Call, Eades signent un disque trop sage, malgré quelques morceaux de très bonne facture, qui laisse l'auditeur sur sa faim et donne surtout envie d'attendre que le groupe, encore jeune, ose enfin libérer pleinement le talent qu'on devine derrière ces chansons un peu trop uniformes.
tracklisting
    01. The Other Side Of Life
  • 02. Backwards
  • 03. Final Sirens Call
  • 04. Did You Read The News?
  • 05. Outside Nothing
  • 06. If I Only Knew Then
  • 07. I Wanna Be Your Man
  • 08. Madness, Pride And Poetry
  • 09. I Want More
  • 10. This Fleeting Wind
  • 11. You Could Have Had It All
titres conseillés
    The Other Side Of Life - Backwards - Madness, Pride And Poetry
notes des lecteurs
Du même artiste