Nous avons beau être jolis en rose, ce soir tout le monde est en noir pour voir le plus gothique des groupes de pop des années 80, un peu comme The Damned serait le plus gothique des groupes punk. Pour un week-end de Halloween, ça ne pouvait pas mieux tomber.
La première partie,
Dear Boy, vient de Los Angeles. Le quatuor (deux guitares, basse, batterie) est très classique et leur son manque un peu d'aspérités même si l'ensemble sonne bien. Leur rebel attitude de catalogue colle bien à la variété indie des années 80, et
The Psychedelic Furs ont leurs entrées à Hollywood, ayant placé deux titres iconiques dans les B.O. de
Pretty In Pink et
Call Me By Your Name.

Quand les membres du groupe montent sur scène, tous très classes en costumes noirs, et pour la moitié avec des lunettes de soleil, on remarque que leur saxophoniste, Mars Williams, disparu en 2023, n'a pas été remplacé. En 2025, le groupe tourne donc autour des frères Butler au chant et à la basse depuis 1977, et d'Amanda Kramer qui n'a rejoint le groupe aux claviers qu'en 2002 mais qui fait maintenant office de vétéran. Même chose pour Rich Good qui tient la guitare depuis seulement seize ans ! A la batterie, Zack Alford, arrivé en 2021, fait office de nouveau venu, et que dire de Peter DiStefano qui vient de les rejoindre ? Il y a un an, il disait pourtant vouloir profiter de sa retraite après la dernière tournée de Porno For Pyro, mais cela se voit qu'il est ravi d'être là !
Dès le premier titre, ils passent clairement le message que c'est le paradis de jouer ces titres devant un public tout acquis à leur musique. En professionnels du show, les musiciens jouent en bord de scène et prennent la pose, changeant régulièrement de côté pour être bien vus par tous. La production de
President Gas, sorti en 1982 sur le prémonitoire
Forever Now, a pris un petit coup de vieux mais le morceau reste toujours aussi d'actualité et son interprétation live toutes guitares dehors lui donne une nouvelle intensité, surtout pendant les passages plus calmes qui permettent de mettre les paroles plus en avant. La version de
Wrong Train n'est pas non plus en reste avec la basse et les toms de batterie qui renforcent la gravité de la chanson au sens propre comme au figuré.
Avec une telle carrière et un tel catalogue, The Psychedelic Furs livrent un parfait Best Of de leur carrière et jouent le grand jeu. Le chanteur serre des mains comme un candidat en campagne, pendant que les musiciens continuent de prendre la pose. Je vois les prestations de The Sisters Of Mercy sous un autre jour, avec la quantité de fumigènes que ces derniers utilisent ce n'est pas bien dur me direz-vous. A mi chemin entre new wave fluo et gothique, le groupe nous chante une lovesong gothique,
My Time, tout à fait dans l'esprit de ce début de mois de Novembre.

Le public réagit chaudement dès les premières notes de synthé de
Love My Way, leur principal titre avec près de 200 millions d'écoutes sur la plus grosse plateforme de streaming. Après un tel monument, le groupe semble fier d'avoir écrit un classique qui transporte encore les foules. Avant leur autre morceau d'anthologie, la concentration est au maximum quand ils entament
Pretty In Pink.
"There's a heartbreak beat, Playing all night long, Down on my street, And it feels like love", le refrain de
Heartbreak Beat a dû tourner en boucle dans les boums des années 80 et il y a toujours quelque chose d'adolescent dans cette chanson d'adultes. Quelle est la distance entre un adolescend qui se prend au sérieux et un adulte rêveur? Vous avez le temps d'un rappel pour composer votre réponse !
Le groupe revient rapidement pour deux titres, un rappel à l'ancienne pour un concert assez court. Quoi de mieux pour finir qu'
India, le premier morceau de leur premier album ? Le groupe donne toute l'énergie qu'il a dans ce titre et Peter DiStefano, qui est resté en arrière-plan pendant tout le concert, peut enfin jouer le solo de guitare, quoiqu'il en coûte comme on dit dans nos ministères. Richard Butler peut le secouer comme un pantin, il peut se laisser tomber dans le public et remonter sur scène... sans cesser de jouer.
Il faut pourtant bien s'arrêter, le concert est fini, la lumière se rallume et nous sommes revenus en 2025 ! Avec un groupe aussi charismatique, nul besoin de projections ou de jeux de lumière sophistiqués, il y a suffisamment d'action sur scène, voire dans le public, avec tous ces ados quinquas.