Chronique Album
Date de sortie : 20.03.2006
Label : Sugar Shack Records
Rédigé par
Jimprofit, le 15 mars 2006
A l’heure où la tentative de reformation de l’étendard du renouveau rock des années 95, à savoir le cultissime combo irlandais Kerbdog (devenu par la suite Wilt), tourne court, Left Side Brain se retrouve en bonne place pour assurer la relève et reprendre le flambeau. Fort d’un premier album remarqué par la critique britannique, s’inscrivant résolument dans la veine de On The Turn, le quatuor nous revient deux ans plus tard avec un nouvel opus au titre évocateur. En effet, comme chacun sait, le second album d’un groupe constitue souvent l’heure de vérité et, dans Action Potential, Left Side Brain va désormais être jugé à la fois sur ses « actes » et son « potentiel ».
Dans une bonne moitié des chansons de l’album, essentiellement la seconde partie, on retrouve, avec notamment Smithereens et Power Failure, ces tempos moyens, sur lesquels se plaquent de grosses guitares bruyantes, oscillant entre métal et rock, qui ont fait les beaux jours de Kerbdog. Et on frôle même, avec Ghost Train, le plagiat, sans que la voix ne parvienne jamais à rivaliser avec celle, si particulière et magique, de Cormac Battle. Bref, les difficultés que Left Side Brain rencontre pour se débarrasser de son étiquette de Tribute Band témoignent de l’absence d’inspiration et d’évolution.
Pour la seconde moitié des chansons, en revanche, le groupe tente de prendre quelques distances avec son mentor. Ainsi, dès l’introduction de l’album, At Your Own Risk, on perçoit un léger ralentissement au niveau du tempo et une nuance dans la voix, laquelle est désormais très rocailleuse, voire forcée, cela nuisant quelque peu à la fluidité des chansons. Si l’on ajoute à cela un durcissement notable de la musique, qui devient encore plus lourde, comme dans Blunderbuss et Pay To Play, on obtient un résultat qui lorgne sacrément du côté du rock musclé d’outre-Atlantique incarné, entre autres, par Institute. Malheureusement, Left Side Brain n’a pas le talent d’un Helmet pour les mélodies inventives et expérimentales et ce timide repositionnement musical s’avère être un échec dans la mesure où le nouveau style poussif et rebattu, qu’illustrent, par exemple, Exit Route et Well Well Well, ne parvient jamais à susciter autre chose que l’ennui. Et le point d’orgue du pathétique est sans conteste Save Yourself, une chanson cruelle, où la participation du chanteur de Reuben, permet de mesurer toute la distance qui sépare encore le médiocre et laborieux Left Side Brain du statut de véritable groupe. Aussi déplore-t-on qu’il faille attendre l’excellent instrumental qui clôture l’album, Gas Giant, pour qu’enfin le groupe entre en « action » et dévoile son « potentiel ».
Après un premier album efficace, à défaut d’être original, on attendait de son successeur qu’il se démarque un peu plus des influences envahissantes du groupe et qu’il propose mieux qu’une nouvelle interprétation du répertoire de Kerbdog. Espérons que le troisième album sera l’occasion pour Left Side Brain d’utiliser la totalité de son cerveau.