Yes Boss

Début 2006, Noah et Gavron Yes Boss signent chez Dance To The Radio et égrènent tout au long de l'année leurs progénitures, élevées aux films d'horreur et nourries au hip-hop. En un an, leur oeuvre a pu mûrir, prendre son envol. Probablement pas dans la direction la plus probante.

En février 2006, le label Dance To The Radio sortait sa seconde compilation What We All Want sur laquelle Yes Boss se démarquaient amplement de par leur sublime défilé de violons parsemé d'un electro minimal et du flow habile de Noah. Meet The Boss promettait le duo à un avenir radieux dans le « difficile à étiqueter » et un album, si ce n'est révolutionnaire, pour le moins original et exaltant.
Placé en toute logique au début de Look Busy, le titre se voit suivi de près par un Troublin' de la même trempe, aux samples angoissants accordés à des beats moites estampillés Timbaland et toute la clique West Coast – crique où NYB puise d'ailleurs son refrain dansant et un son terriblement funky. L'album se clôt enfin par un instrumental imparable où Les Experts violent sauvagement Ratatat dans une rue sombre sous les yeux allumés de Bach.

En mars 2006, le premier single Get Dropped Quick troquait les instrus classiques au profit d'une sorte d'indie hip-hop située quelque part entre Cypress Hill, Automato et Buck 65. La B-side électrique Indie Kids était l'exemple parfait de ce désir de cracher sur la multitude d'adolescents et groupes clichés qui envahissaient alors les rues tout en en prenant toutefois les poses. Histoire de brouiller davantage les pistes.
Surfant sur ce style plutôt vague mais assez réjouissant, le groupe signe ses deux derniers singles de ces attraits de pop fébrile au-dessus de lignes d'electronica tout en sobriété tracées. Les refrains de See It Through et Tongues In Knots gagnent en profondeur, notamment le second où l'effarante intensité de Tom Woodhead (chanteur hystérique de ¡Forward, Russia!) se veut immédiate et irrésistible.

Sa B-side Don't Think, ainsi que le single More Or Less paru en juin, abordaient de nouveau un léger virage, cette fois vers l'abstract hip-hop de Dan The Automator et Antipop Consortium. En décélérant sensiblement le rythme, les deux compères perdaient cependant de leur charme et leur créativité qui dégorgeaient de leurs premiers rejetons.
Une bonne partie de l'album est donc fâcheusement habitée de cette production East Coast, entre les rythmiques sautillantes des Beastie Boys et l'atmosphère sombre du Wu-Tang Clan. Yes Boss a adopté bon gré mal gré cette voie-ci : une certaine retenue dans la composition et un flow certes le plus souvent attachant, mais relativement classique.

Plutôt que de choisir la difficulté et au bout du compte l'efficacité, le groupe se contente de piocher dans la culture américaine des samples et idées divers alors qu'il a le potentiel de devenir passionnant lorsqu'il laisse son désir de singularité l'envahir, à l'image des premiers titres cités (Meet The Boss, Troublin', l'instru cachée).
Moins de spontanéité, moins d'innocence forgent le caractère de Yes Boss. Le duo a, à ce jour, opté pour un académisme passe-partout, à mille lieues de ce qu'il a pu laisser croire à ses débuts. La preuve en est cette Intro inutile que tout skeud de rap US se doit raisonnablement de posséder ...

Espérons que, pour son second album, le groupe saura nous comprendre et reviendra à ses premières amours qui sont l'arrogance, la grandiloquence, la folie.